Sahara occidental : l’ONU presse pour un compromis dans les six prochains mois

28 - Avril - 2018

La Minurso, la mission de l’ONU au Sahara occidental a été renouvelée pour six mois seulement afin de mettre une pression maximale sur le Maroc et le Front Polisario.
Vingt-sept ans après sa création, la mission de l’ONU au Sahara occidental fait l’objet, chaque année, d’un renouvellement pour le moins houleux entre les alliés du Maroc, au premier rang desquels la France et les États Unis, et ceux du Polisario.
Ancienne colonie espagnole, le territoire du Sahara occidental fait l’objet d’une dispute entre les indépendantistes du Front Polisario – soutenus par l’Algérie – et le Maroc, qui contrôle 80 % du territoire sahraoui depuis 1975. Le Polisario réclame la tenue d’un référendum d’autodétermination, comme fixé par les Nations unies, tandis que Rabat, considérant que la zone fait partie intégrante de son territoire, propose un statut d’autonomie. Un cessez-le-feu et une zone tampon ont été décidés depuis 1991.
Echéance de six mois
Au bout de plusieurs semaines de négociations et de trois jours de report du vote, les parties se sont finalement accordées, vendredi 27 avril, sur un texte qui met une pression maximale pour une reprise des négociations directes et aboutir à un « compromis juste et durable » pour le Sahara occidental.

La Russie, la Chine et l’Ethiopie, et dans une moindre mesure la Suède, se sont toutefois élevées contre un texte qu’elles estiment trop favorable au Maroc sans pour autant s’opposer au renouvellement de la Minurso (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental), dont ils ont reconnu le « rôle stabilisateur ».
Le conseil fixe néanmoins pour la première fois une échéance. Le mandat est renouvelé uniquement pour six mois jusqu’au 31 octobre 2018, au lieu d’un an. Cela doit permettre, selon un diplomate, de « mettre la pression » sur les parties pour retourner rapidement à la table des négociations sous les auspices du nouvel envoyé spécial, l’ex-président allemand Horst Koehler.
Sans quoi les Américains ont prévenu : « En cas d’échec, nous devrons assumer nos responsabilités, a tonné Amy Tachco, la coordinatrice politique de la mission américaine. Après vingt-sept ans, le statu quo n’est plus acceptable. Les Etats-Unis veulent que les choses avancent enfin. » « Conflit gelé »
Le texte demande aux parties de rejoindre « sans préconditions et de bonne foi » la table des négociations et réaffirme la volonté du Conseil d’« aider les parties à parvenir à une solution politique réaliste, juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Reste maintenant à s’entendre sur la sémantique de « réaliste ». Les Américains ont indiqué que le plan d’autonomie proposé par les Marocains pouvait être « une approche potentielle pour satisfaire les aspirations du peuple du Sahara Occidental ». Une proposition que rejette catégoriquement le Front Polisario. La Russie a immédiatement objecté que « tout règlement devait être mutuellement acceptable ».
L’envoyé spécial Horst Koehler, qui espère relancer un cinquième cycle de négociations directes, est resté jusqu’à présent très prudent, indiquant que les parties avaient montré « un certain désir » d’aboutir à une solution. A l’issue du vote, l’intensité de ce désir paraissait déjà bien atrophiée.
Dans un communiqué, le représentant du Front Polisario Mahmed Khadad indiquait « n’accepter rien de moins que [notre] droit légal à l’autodétermination et à l’indépendance » mais « être prêt à s’engager dans des pourparlers ». De son côté, Omar Hilale, représentant du Maroc à l’ONU, a estimé « qu’il ne pourrait y avoir de processus politique » si le Polisario ne se conformait pas à la résolution qui lui ordonne de se retirer de la zone tampon de Guerguerat, théâtre de tensions entre le Maroc et le Polisario depuis 2016.
Les parties ont six mois pour trouver un terrain d’entente, sans quoi Washington a envoyé une menace à peine voilée regrettant que la Minurso « soit devenue l’exemple typique d’un conflit gelé et d’une mission qui ne sert plus d’objectif politique ».

Autres actualités

10 - Juillet - 2019

Un an après le retour du régime, violents troubles dans le Sud syrien

Explosions, enlèvements, assassinats, tirs contre des barrages militaires : la province de Deraa, dans le sud de la Syrie, berceau de la révolution de 2011, que les forces...

08 - Juillet - 2019

Turquie : le président Erdogan fait main basse sur la politique monétaire

Soucieux de régenter la politique monétaire, le président Recep Tayyip Erdogan a limogé d’un trait de plume, samedi 6 juillet, Murat Cetinkaya, le gouverneur de...

08 - Juillet - 2019

Au Brésil, la chute de Sergio Moro, l’ancien juge star de l’anticorruption

Tel un César s’adressant à la plèbe, Jair Bolsonaro avait soumis, dimanche 7 juillet, le destin de son ministre de la justice à l’appréciation...

05 - Juillet - 2019

Comment militaires et opposants se sont mis d’accord sur la transition politique au Soudan

La peur du pire et les efforts fournis pour harmoniser les circuits de médiation ont fini par porter leurs fruits : dans la nuit de jeudi 4 à vendredi 5 juillet, les deux camps...

05 - Juillet - 2019

Grèce : Kyriakos Mitsotakis, l’héritier qui veut être un premier ministre « normal »

L’air décontracté, la chemise bleu ciel aux manches retroussées, Kyriakos Mitsotakis, président de Nouvelle Démocratie (ND, droite), affiche un large...