Sebastian Kurz, le chancelier autrichien qui a banalisé les idées d’extrême droite
Contrairement à l’Italie de Salvini, à la Hongrie d’Orban, aux Etats-Unis de Trump ou au Brésil de Bolsonaro, l’Autriche fait profil bas. On en oublierait presque l’arrivée au pouvoir, il y a un an, le 18 décembre 2017, d’une coalition dirigée par le jeune chancelier Sebastian Kurz et associant les conservateurs (ÖVP, Parti populaire autrichien) à l’extrême droite du FPÖ (Parti de la liberté d’Autriche), une formation fondée par d’anciens nazis, alliée de Marine Le Pen.
Et pourtant, la manière dont se sont banalisées les idées radicales dans ce pays d’Europe centrale pourrait se montrer riche d’enseignements pour tout le continent.
Sans susciter de résistances, ni à Bruxelles, ni à Paris, ni à Berlin, M. Kurz a « rendu l’extrême droite “mainstream” », comme le résume une enquête récente du magazine américain Time. Quel contraste avec l’an 2000 ! Lorsque le tribun Jörg Haider avait réussi à faire entrer ses affidés dans les palais de la République, cette année là, l’Union européenne (UE) avait adopté des sanctions à l’égard de Vienne.
Dix-huit ans plus tard, le chancelier autrichien, âgé de 32 ans, surjoue sa bonne entente avec le chef de file du FPÖ, le vice-chancelier Heinz-Christian Strache, une personnalité clivante, notamment à cause des liens qu’il a tissés avec des néonazis durant sa jeunesse. « Sebastian Kurz et Heinz-Christian Strache ont réussi à établir un rapport professionnel et personnel basé sur la confiance et sur une coopération très étroite, explique Peter Launsky-Tieffenthal, le porte-parole du gouvernement. Lorsqu’ils sont en désaccord sur un sujet, ils arrivent à le résoudre dans un esprit de respect mutuel. Et tous deux assument le programme sur lequel ils ont bâti leur action. »