Sixième anniversaire sanglant du soulèvement syrien

16 - Mars - 2017

Sixième anniversaire sanglant du soulèvement syrien

Le mercredi 15 mars, jour du sixième anniversaire du conflit syrien, a été marqué par un double massacre : un attentat-suicide à Damas et un bombardement aveugle à Idlib ont été fatals à plus de 50 personnes. En début d’après-midi, un kamikaze s’est fait exploser dans le palais de justice de Damas, en lisière de la vieille ville, faisant au moins 32 morts.
Une vidéo tournée dans le hall d’entrée, après la déflagration, montre un parterre couvert de débris, de cadavres et d’une longue traînée de sang. Selon l’agence de presse officielle SANA, l’auteur de l’attentat, déguisé en soldat, a remis son pistolet aux gardes à l’extérieur du bâtiment, avant d’y entrer et de déclencher sa ceinture d’explosifs, au milieu du ballet quotidien d’avocats, d’employés et de plaignants. « J’ai entendu du bruit, j’ai regardé à ma gauche et j’ai vu un homme vêtu d’une vareuse militaire, a raconté à la télévision d’Etat un homme portant un patch sur son œil blessé. A ce moment, il a levé les bras vers le ciel et crié “Allah Akbar” [Dieu est le plus grand], puis l’explosion s’est produite. Je suis tombé par terre et j’ai senti du sang s’écouler de mon œil. »

Coïncidence amère, le site de l’attaque se trouve non loin du souk Al-Hamidiyeh, théâtre, le 15 mars 2011, d’une des manifestations fondatrices de la révolution syrienne. Comme un rappel involontaire, en ce jour anniversaire, des espoirs envolés de ce mouvement, initialement populaire et non violent, et qui, sous l’effet de la répression du pouvoir et des ingérences étrangères, a dégénéré en une rébellion armée, puis en une guerre civile et régionale, à forte connotation confessionnelle, faisant des centaines de milliers de morts.
Le bilan à Damas aurait pu être beaucoup plus élevé si un deuxième kamikaze n’avait été localisé, deux heures plus tard, dans un quartier de l’ouest de la capitale. Cerné par la police, l’individu s’est fait exploser dans un restaurant, blessant une vingtaine de personnes.

Plus tôt dans la nuit de mardi à mercredi, une bombe, probablement larguée par un avion russe, a pulvérisé un bâtiment d’Idlib, une ville du nord ouest de la Syrie, aux mains des rebelles. Vingt-cinq habitants, tous civils, dont quatorze enfants, ont été retirés des décombre. En dépit du cessez-le-feu proclamé fin décembre, l’armée de l’air syrienne et son homologue russe continuent à bombarder, à intervalles très réguliers, la région d’Idlib, arguant du fait que cette province est sous la coupe du groupe djihadiste Fatah Al-Cham, exclu de l’accord de trêve. Les forces syriennes et russes pilonnent aussi la zone de Barzeh, dans la banlieue orientale de Damas, contrôlée, en grande partie, par des groupes affiliés à l’Armée syrienne libre, la branche modérée de l’insurrection, signataire du cessez-le-feu.
Opération d’envergure
Jeudi matin, le double attentat de Damas n’avait pas été revendiqué. Le groupe salafiste Ahrar Al-Cham, l’une des formations les plus puissantes de l’insurrection, a publié un communiqué le « condamnant dans les termes les plus forts » et l’imputant, à mots couverts, au régime Assad. La capitale syrienne avait déjà été ensanglantée samedi par deux explosions, qui avaient coûté la vie à 74 pèlerins chiites irakiens, venus se recueillir dans la mosquée de Sayeda Zaynab. Fatah Al-Cham, une émanation d’Al-Qaida, s’était attribué cette hécatombe en qualifiant les victimes de « milices iraniennes ».

Le groupe avait aussi revendiqué la spectaculaire attaque, fin février, contre deux casernes de Homs, au cours de laquelle 42 membres des services de sécurité syriens avaient été tués. Le carnage du palais de justice est-il sa troisième opération d’envergure en moins de trois semaines ? Sur les réseaux sociaux, des responsables du groupe djihadiste ont démenti, sans dissiper les soupçons. En 2012, année de son apparition en Syrie, Fatah Al-Cham, qui s’appelait alors le Front Al-Nosra, avait perpétré plusieurs attentats-suicides en zone gouvernementale, à la fois contre des cibles civiles et des bâtiments de la sécurité, emblématiques de la répression.
Le groupe a ensuite transféré son expertise sur le champ de bataille, en confiant à ses kamikazes la responsabilité de percer les défenses ennemies. Mais plusieurs spécialistes de la Syrie voient dans les derniers développements le signe que Fatah Al-Cham entend revenir à sa tactique initiale. « La chute d’Alep en décembre a anéanti toute possibilité de défaire le régime militairement, expose Haid Haid, chercheur au think tank Chatham House de Londres. La Turquie limite l’aide acheminée aux rebelles et pousse à une désescalade. Ces facteurs, couplés avec la récente recrudescence des frappes américaines sur Fatah Al-Cham, ont rendu le lancement d’une offensive particulièrement risqué. » D’où le nouveau mot d’ordre des djihadistes : porter la guerre derrière les lignes ennemies.

Autres actualités

28 - Septembre - 2019

Les Hongkongais dans les rues pour le cinquième anniversaire du « mouvement des parapluies »

A la nuit tombée, plusieurs dizaines de milliers de manifestants se sont massés, samedi 28 septembre, dans le Tamar Park, en plein centre de Hongkong. C’est là...

28 - Septembre - 2019

Trump en guerre contre les institutions

Les mots ont un sens. « Nous sommes en guerre », a averti le président Donald Trump, jeudi 26 septembre, en évoquant, au cours d’un événement...

26 - Septembre - 2019

Mort de Jacques Chirac : l’ambition d’une vie

cérémonies de la passation de pouvoirs comme s’il était déjà ailleurs. Pourquoi prolonger des adieux qu’il ne goûte guère ? Et...

26 - Septembre - 2019

Trump a parlé de Crowdstrike et d’un « serveur » au président ukrainien, pour des raisons encore floues

Dans le compte rendu de la conversation téléphonique entre Donald Trump et le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, publiée mercredi 25 septembre et au cœur...

25 - Septembre - 2019

Brexit : Lady Hale s’est imposée comme l’incarnation de la démocratie britannique

Elle s’appelle Brenda Hale, on l’appelle plus formellement « Lady Hale » et, mardi 24 septembre, cette petite femme de 74 ans, jusqu’alors peu connue du grand...