Sommet Etats-Unis - Corée du Nord : la Chine n’entend pas rester à l’écart

09 - Mars - 2018

Des chercheurs et analystes chinois réagissent à l’annonce surprise du sommet à venir réunissant Donald Trump et Kim Jong-un.

Pékin suit avec attention l’annonce inattendue, jeudi 8 mars,de la rencontre future entre le président américain, Donald Trump, et son homologue nord-coréen, Kim Jong-un. « Nous espérons que toutes les parties feront preuve de courage politique afin de prendre les bonnes décisions », a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois.
Organisatrice des pourparlers à six (République populaire démocratique de Corée (Nord), République de Corée (Sud), Japon, Russie, Chine et Etats-Unis) entre 2003 et 2009, date à laquelle Pyongyang avait quitté la table des négociations, la Chine n’a cessé d’encourager les Etats-Unis à prendre langue avec la Corée du Nord. Ce qui ne l’empêche pas de rester méfiante envers tout arrangement qui changerait l’équilibre stratégique de manière défavorable pour elle dans la péninsule coréenne.
La Chine « balance entre deux angoisses, celle de la guerre, et celle de la mise à l’écart », rappelle Yun Sun, chercheuse chinoise au Stimson Center, à Washington, jointe vendredi, après l’annonce du sommet en mai. « Pour l’instant, c’est l’angoisse de la guerre qui prédomine. Mais la seconde se manifestera dès que, et si, un dialogue bilatéral [Etats-Unis, Corée du Nord] se met en place ».

« La priorité au stade actuel pour la Chine, étant donné la rhétorique guerrière générée par Donald Trump, est de permettre aux tensions de s’atténuer et aux pourparlers de commencer. Les Chinois ont reconnu qu’ils n’étaient pas en mesure de le faire, donc cela ne les dérange pas de n’être pas à l’origine de l’initiative. Mais cela ne veut dire en aucun cas qu’ils vont laisser faire sans s’impliquer. La Chine est l’une des signataires de l’armistice de 1953, donc il va sans dire qu’elle considère qu’elle ne peut pas ne pas être partie prenante de tout nouvel arrangement qui le remplacerait », explique Yun Sun.
L’armistice de Panmunjeom fut signé le 27 juillet 1953 entre les armées de Corée du Nord et de Chine d’une part, et en face, le représentant américain du commandement des Nations unies en Corée, la structure de commandement unifié pour les forces militaires multinationales engagées auprès de la Corée du Sud durant la guerre de Corée. Il ne fut jamais suivi d’un traité de paix, ce qui signifie que les deux Corées sont toujours techniquement en guerre.
« La Corée du Nord ne peut survivre sans la Chine »
Le chercheur chinois Zhao Tong, spécialiste des politiques d’armement nucléaire au centre Carnegie-Tsinghua, à Pékin, estime qu’il reste à ce stade beaucoup d’incertitudes quant à un sommet Trump-Kim : « Je ne serais pas étonné que M. Trump rencontre des résistances parmi ses conseillers après avoir si rapidement accepté l’invitation », dit-il. L’inquiétude pour la Chine, si le processus diplomatique continue de s’emballer comme il l’a fait, est bien aussi « de ne pas être consultée à part entière » : « La crainte pour Pékin de voir les Etats-Unis et la Corée du Nord parvenir à un accord qui n’aille pas entièrement dans le sens des intérêts chinois risque donc d’augmenter. »
Pour les analystes chinois de centres de recherche officiels, comme Lü Chao, directeur de l’Institut des études frontalières de l’Académie des sciences sociales du Liaoning, à Shenyang, « le statut de [grande] puissance et l’influence de la Chine dans la zone d’Asie du Nord-Est font d’elle une interlocutrice incontournable, il n’y a donc aucun risque pour elle de se retrouver marginalisée » estime-t-il. Sans compter, ajoute-t-il, que « la Corée du Nord ne peut survivre sans la Chine ». Le professeur Lü prévient qu’un sommet « ne serait qu’un pas sur un chemin encore très long et difficile jusqu’à une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne ».

Autres actualités

04 - Janvier - 2018

Washington et Séoul renégocient leur accord de libre-échange Korus

Le président américain Donald Trump voulait sortir de cet accord avec la Corée du Sud entré en vigueur en 2012. Pressé par les milieux d’affaires et son...

04 - Janvier - 2018

L’Afrique de l’Ouest courtisée par le Qatar et ses rivaux du Golfe

La lutte d’influence entre Doha, Riyad et Abou Dhabi s’est intensifiée avec le soutien financier de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis au G5 Sahel. Le...

03 - Janvier - 2018

Iran : Emmanuel Macron appelle à la « retenue », Jean-Yves Le Drian reporte sa visite

Marquer sa préoccupation sur les risques de répression, tout en gardant le contact avec le président Hassan Rohani et sans l’affaiblir : l’exercice n’est...

03 - Janvier - 2018

Le pouvoir nord-coréen rétablit un « téléphone rouge » avec la Corée du Sud

Au lendemain de l’offre de dialogue faite par le gouvernement sud-coréen en réponse à l’appel à une amélioration des relations lancé par le...

02 - Janvier - 2018

Pour Trump, c’est « le moment du changement » à Téhéran

Pour les « faucons » américains, les manifestations qui ont lieu en Iran sont l’occasion d’accentuer l’escalade avec Téhéran, graduelle depuis...