Syrie : « A Alep, on est presque dans une situation de crimes contre l’humanité »

27 - Septembre - 2016

Syrie : « A Alep, on est presque dans une situation de crimes contre l’humanité »

Quelques jours après la reprise des bombardements russes et syriens à Alep, deuxième ville de Syrie, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence, dimanche 25 septembre, à la demande de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni, qui ont accusé la Russie de « crimes de guerre ».

Pour Ziad Majed, politologue et professeur à l’université américaine de Paris, l’inaction des pays occidentaux renforce politiquement et militairement le régime syrien et son allié russe.

Quelle est la situation humanitaire et militaire à Alep aujourd’hui, alors que les bombardements ont repris de façon soutenue ?

Ziad Majed : D’un point de vue humanitaire, on sait la catastrophe que connaissent les populations civiles. Avec les bombardements, beaucoup de blessés ne peuvent pas trouver de centres pour se soigner. La destruction des hôpitaux, des convois humanitaires et des centres médicaux a pour objectif d’y rendre la vie impossible.

De plus, l’utilisation de certaines bombes, notamment par l’aviation russe, qui détruisent les abris souterrains où beaucoup d’hôpitaux de campagne et certains dispensaires étaient installés, menace tout ce qui reste de l’infrastructure sanitaire et de soins médicaux.

Sur le terrain, militairement parlant, les Russes couvrent l’offensive du régime dans la région de Handarat – l’ancien camp palestinien au nord-est de la ville. Le régime a pu progresser, et l’encerclement de la ville s’impose de plus en plus. Cela ne veut pas dire qu’ils vont pouvoir contrôler tous les quartiers est encerclés ou les banlieues de la ville. C’est un espace important, où il y a des milliers de combattants. Mais ils peuvent progresser et contrôler quelques rues, des axes très importants de la ville, et dire qu’ils ne sont pas loin de la reprise d’Alep, et entrer dans de nouvelles négociations plus favorables pour eux.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a comparé la situation d’Alep à celle de Sarajevo, en Bosnie. Cette analogie vous semble-t-elle juste ?

Je pense que c’est pire que Sarajevo. On fait cette comparaison par rapport au siège, et à l’incapacité de la communauté internationale de réagir à temps. Mais il est plutôt dans un scénario Grozny. Et si on parle d’un point de vue de droit international, et de la convention de Genève, ce qui se passe commence même à dépasser le cadre des crimes de guerre, ce sont presque des crimes contre l’humanité. Non seulement il y a des dégâts parmi les civils mais on est en train de viser de manière directe l’infrastructure qui permet aux civils de survivre s’ils sont blessés et on est en train de les affamer par le siège, de les brûler, etc.

Autres actualités

18 - Octobre - 2019

Au Malawi, des policiers soupçonnés de viols en marge de manifestations post-électorales

La police du Malawi a ouvert, jeudi 17 octobre, une enquête pour viols et tortures à la suite d’allégations d’organisations des droits humains visant des policiers...

16 - Octobre - 2019

Face au tollé international provoqué par son offensive en Syrie, Erdogan durcit le ton

Recep Tayyip Erdogan, continue de faire monter la pression. Le président turc a de nouveau rejeté, mercredi 16 octobre, toute possibilité de cessez-le-feu dans le nord de la...

16 - Octobre - 2019

Présidentielle en Tunisie : « Kaïs Saïed a un discours qui répond à la jeunesse »

Neuf jeunes sur dix ont voté pour lui. Kaïs Saïed, nouveau président tunisien, dont l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE)...

15 - Octobre - 2019

Indonésie : vingt-sept suspects arrêtés après l’attaque contre un ministre

La police indonésienne a annoncé, mardi 15 octobre, avoir arrêté vingt-sept suspects après une attaque attribuée à un groupe affilié...

15 - Octobre - 2019

En Afrique du Sud, l’ex-président Zuma sur le banc des accusés pour corruption

L’ancien président sud-africain Jacob Zuma, éclaboussé dans des scandales qui lui ont valu son poste en 2018, doit être jugé à partir de ce mardi 15...