Syrie : « Les Etats-Unis ont laissé le champ libre à la Russie, devenue incontournable »

01 - Décembre - 2016

Syrie : « Les Etats-Unis ont laissé le champ libre à la Russie, devenue incontournable »

Pour Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique, si la réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, mercredi, sera « inutile pour peser sur le plan militaire », « elle ne le sera pas sur le plan politique ».
La communauté internationale semble plus impuissante que jamais dans le conflit syrien, face à une Russie devenue le véritable maître du jeu. A la demande de la France, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation à Alep-Est devait se tenir mercredi 30 novembre à New York. Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique, analyse la portée possible d’une telle réunion.
La France a convoqué une réunion en urgence du Conseil de sécurité face à la « catastrophe humanitaire » à Alep. Or le Conseil de sécurité est paralysé par le veto de la Russie. Quel est le sens de cette réunion ?

Les réunions de cet ordre ont un premier but : le « naming and shaming ». Il s’agit d’amener les membres du Conseil de sécurité à prendre leurs responsabilités sur la tragédie syrienne, en prenant position de façon précise au moment où la guerre atteint de nouveaux paliers dans l’horreur. Cela revient à soutenir, se distancer ou s’opposer à la Russie. Si cette réunion est inutile pour peser sur le plan militaire, elle ne l’est pas pour autant sur le plan politique.

Pour la France, c’est aussi le moyen, en forçant la Russie à affirmer son opposition, de montrer que le fonctionnement actuel du Conseil de sécurité n’est pas satisfaisant, ni crédible en de telles circonstances. La succession de vetos russes a marqué les esprits auprès de la communauté internationale.

La Russie a utilisé son droit de veto cinq fois depuis le début du conflit. L’action de l’ONU est-elle dans l’impasse ?

Ce n’est pas parce que le Conseil de sécurité est dans l’impasse que l’ONU ne fait rien. L’organisation est présente sur le terrain sur le volet humanitaire, à travers notamment le Haut-Commissariat pour les réfugiés et le Programme des Nations unies pour le développement.

De son côté, l’envoyé spécial du secrétaire général, Staffan de Mistura, essaye de trouver une plateforme politique pour une sortie de crise. Le problème, c’est que ses interlocuteurs dans l’opposition syrienne sont de moins en moins représentatifs avec l’affaiblissement de l’opposition non-djihadiste sur le terrain. Et surtout que, sur le fond, les positions sont radicalement différentes entre l’opposition syrienne et la Russie sur une sortie de crise, notamment à propos du rôle que pourrait tenir Bachar el-Assad.

Autres actualités

01 - Avril - 2017

Coupes budgétaires limitées pour la mission de l’ONU en RDC

Les effets d’annonce de l’administration Trump se sont une nouvelle fois heurtés au principe de réalité. La Monusco, la mission de l’ONU en...

31 - Mars - 2017

Syrie : pourquoi les Etats-Unis acceptent le maintien au pouvoir de Bachar Al-Assad

L’administration Trump privilégie le combat contre les djihadistes au débat sur le sort à réserver au dictateur syrien. Silence radio, pour l’instant,...

31 - Mars - 2017

En Afrique du Sud, un remaniement ministériel aux allures d’offensive du clan Zuma

Le ministre des finances Pravin Gordhan, considéré comme l’ultime rempart à la mainmise sur l’économie des proches du président sud-africain, a...

30 - Mars - 2017

Ankara clôt son intervention militaire en Syrie

Le premier ministre turc, Binali Yildirim, a annoncé, mercredi 29 mars, que l’opération militaire menée par Ankara dans le nord de la Syrie était...

30 - Mars - 2017

L’UE interdit l’union du LSE et de Deutsche Börse

La Commission européenne a interdit mercredi le projet de mégafusion des Bourses de Londres et de Francfort, une opération annoncée en grande pompe il y a un an, mais...