« Téhéran s’opposera au projet d’un Kurdistan syrien autonome »

31 - Janvier - 2019

Spécialiste des problèmes de sécurité au Proche-Orient, Aniseh Bassiri Tabrizi est chercheuse au Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, basé à Londres. Elle analyse la politique de l’Iran en Syrie, notamment depuis les derniers développements de la stratégie américaine dans le nord-est syrien sur fond de reflux de l’organisation Etat islamique (Daech).
Comment expliquez-vous l’annonce du retrait des troupes américaines de Syrie et la confusion qui s’est ensuivie entre Ankara et Washington ?
Rendue publique à la suite d’une discussion téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, la décision soudaine du président Donald Trump de retirer les troupes américaines de Syrie a omis de prendre en considération les potentielles répercussions de cette initiative sur les intérêts américains dans la région.
En ne fixant pas avec la partie turque des conditions claires pour le retrait américain, Trump met non seulement en péril les forces kurdes syriennes que les Etats-Unis ont soutenues dans le combat contre Daech, mais accroît également les chances d’une renaissance de l’organisation Etat islamique, ainsi que de gains territoriaux au profit de Damas et de Téhéran.
Toutes ces hypothèses vont à l’encontre des intérêts américains. Après les réactions hostiles de plusieurs responsables américains face à ces possibles répercussions, l’annonce originelle de Donald Trump a été ajustée, et l’administration cherche aujourd’hui à trouver sur la question du nord-est syrien un règlement négocié qui tienne compte des priorités sécuritaires aussi bien turques qu’américaines.
L’idée de créer de part et d’autre de la frontière turco-syrienne une zone de sécurité placée sous le contrôle des forces turques et américaines vous paraît-elle réalisable, sachant que Damas et Moscou s’y opposent et que Téhéran se méfie des appétits turcs ?
Il paraît très peu probable que le président Erdogan parvienne à instaurer une zone de sécurité sous contrôle turc du côté syrien de la frontière, un projet dont son pays réclame la mise en place depuis 2012, en vain. Les forces kurdes en rejetteront à coup sûr l’idée, à moins que la zone ne soit contrôlée par des forces de l’ONU capables de repousser une possible offensive turque.
Même s’ils restent plus discrets, la Russie et l’Iran s’opposeront probablement à toute solution menaçant l’intégrité territoriale de la Syrie, une position que ces deux pays ont maintenue depuis le début de leur implication dans le conflit. Le fait que, à la suite de son entretien avec Recep Tayyip Erdogan, Vladimir Poutine ait évoqué la possibilité d’une zone de sécurité contrôlée par Damas dans le nord de la Syrie ne fait que confirmer que la Russie, avec l’Iran, poussera vers une solution qui permette au régime de Bachar Al-Assad de reprendre le contrôle de la région frontalière, ce qui s’oppose frontalement aux ambitions turques.

Autres actualités

26 - Octobre - 2019

En Irak, manifestations pour « la chute du régime » après une nuit de feu et de sang

Les forces de sécurité irakiennes tentaient, samedi 26 octobre, de venir à bout de nouvelles manifestations, à Bagdad et ailleurs en Irak, qui réclament «...

25 - Octobre - 2019

Brexit : le chantage aux élections de Boris Johnson pour sortir de l’impasse

Brexitland vire à l’Absurdland… Jeudi 24 octobre, dans un nouveau mouvement aussi tactique qu’improbable, le premier ministre Boris Johnson a renoncé...

25 - Octobre - 2019

« Au Cameroun, on constate une sophistication tactique de Boko Haram »

Contrairement à ce qu’avait déclaré en 2016 le président nigérian, Muhammadu Buhari, Boko Haram n’est pas « techniquement défait...

24 - Octobre - 2019

Alpha Condé : « Je ferai ce que veut le peuple de Guinée »

Premier président de Guinée élu démocratiquement, en 2010, Alpha Condé fait face à une large contestation née de la volonté que lui...

24 - Octobre - 2019

Au Bangladesh, 16 personnes condamnées à mort pour le meurtre d’une jeune femme, brûlée vive

Au Bangladesh, 16 personnes ont été condamnées, jeudi 24 octobre, pour le meurtre d’une jeune femme de 19 ans, brûlée vive pour avoir porté plainte...