Togo : « Il faut en finir avec la mainmise de la famille Gnassingbé sur le pays »

20 - Septembre - 2017

Nouvelle figure de l’opposition, Tikpi Atchadam souhaite « une union d’action autour d’un seul et même objectif pour faire tomber le régime ».
L’opposant togolais Tikpi Atchadam à Lomé, lors d’une manifestation contre le pouvoir de Faure Gnassingbé, le 6 septembre 2017.
Inconnu du grand public il y a quelques semaines encore, l’opposant togolais Tikpi Salifou Atchadam, 50 ans, fondateur en 2014 du Parti national panafricain (PNP), a déboulé sur la scène politique au début de l’été. Originaire du centre-nord du pays, jusqu’alors considéré comme une chasse gardée du pouvoir, il a réuni plusieurs milliers de personnes dans un stade de Lomé et organisé une manifestation, le 19 août, qui a relancé un vaste mouvement de protestation demandant des réformes institutionnelles, dont l’objectif avoué est le départ du président Faure Gnassingbé, qui succéda à son père Gnassingbé Eyadéma, indéboulonnable chef de l’Etat de 1967 jusqu’à sa mort en 2005.

principe d’une élection à deux tours. Pourquoi cela est-il insuffisant ?
Tikpi Atchadam Les Togolais veulent en finir avec la mainmise de la famille Gnassingbé sur le pays. La réforme revient à instaurer – dans les faits si ce n’est dans le texte – une Constitution monarchique puisqu’il pourrait se présenter en 2020 et en 2025 dans un contexte d’élections manipulées. Mais les Togolais viennent de montrer leur détermination en sortant comme jamais dans les rues le 19 août, puis les 6 et 7 septembre. Tout ce qu’ils demandent, c’est de vivre normalement comme au Bénin ou au Ghana, alors qu’ici il n’y a plus de système d’éducation, de santé. Manger pose problème.
« Ici il n’y a plus de système d’éducation, de santé. Manger pose problème »
On ne lui fait plus confiance, même s’il dit qu’il ne se représentera pas en 2020. Dorénavant, on ne croit plus en sa parole. En 2005, il a dit « je suis l’homme des réformes », puis il a promis de « ne plus faire couler le sang pour des raisons politiques », annoncé « la décentralisation » et enfin de « réconcilier les Togolais avec eux-mêmes ». Au bout du compte : rien.
Ce que nous lui disons, c’est d’arrêter son mandat en 2017, mener des réformes et organiser des élections générales anticipées dont il serait le garant sans y participer. Nous ne voulons pas couper la tête de Faure, il dispose d’une expérience dont le pays peut avoir besoin.
N’est-il pas prisonnier du régime mis en place par son père ?
C’est lui qui décide de tout. Mais sa soif du pouvoir le rend sourd. Il a hérité du Togo comme un paysan du champ de son père. Les barons du régime sont ses métayers, ils lui doivent tout, mais c’est lui qui a le pouvoir. Il lui suffit d’un discours de dix minutes pour rompre le cycle de violences qui existe dans ce pays depuis 1963. S’il le fait, s’il renonce au pouvoir, il sort par la grande porte. Les Togolais sont prêts à pardonner. Sinon, il en portera la responsabilité.
Ne craignez-vous pas une réaction violente de l’armée ?
L’armée d’aujourd’hui n’est plus celle de son père. Elle est mieux éduquée, plus ouverte. Les mentalités ont évolué. Il faut seulement leur faire prendre conscience qu’ils appartiennent, eux aussi, au même peuple togolais, qu’ils connaissent les mêmes difficultés, la même misère. C’est ce que j’appelle la théorie du mouton et du piquet. Le mouton, ce sont les Togolais. Le piquet, c’est l’armée. Le piquet n’a pas la conscience de son état ni du fait qu’il est lié au mouton par la même corde. Il faut lui en faire prendre conscience, ou alors il sera arraché de terre, comme cela s’est passé au Burkina Faso.

Manifestation contre le régime de Faure Gnassingé à Lomé, le 7 septembre 2017. 
Par le passé, l’opposition s’est perdue dans des luttes intestines. Pourquoi échapperiez-vous à ce même mal ?
La question de l’hégémonie ne nous intéresse pas au PNP. Il y a aujourd’hui, non pas une coalition, mais une union

d’action autour d’un seul et même objectif : faire tomber le régime. Ensuite viendra le temps de la campagne électorale et d’un combat à la loyale. Alors, on parlera des programmes.

Autres actualités

20 - Avril - 2018

Rudy Giuliani rejoint l’équipe d’avocats de Donald Trump

L’ex-maire de New York est un ami de longue date du président américain, confronté notamment à l’enquête sur des soupçons...

20 - Avril - 2018

L’organisation basque ETA demande pardon pour le « mal » causé durant sa lutte armée

Le groupe séparatiste « Pays basque et liberté », qui sera dissous en mai, a tué plus de huit cents personnes au cours des décennies de lutte contre...

19 - Avril - 2018

Centrafrique : la Minusca « ne cédera pas à l’intimidation » des groupes armés

Les groupes de l’ex-Séléka affirment s’être mobilisés suite à l’opération lancée par la Minusca et le gouvernement contre les...

19 - Avril - 2018

A Cuba, « plus personne ne croit au changement »

Alors que Raul Castro quitte la présidence, les Cubains sont résignés face à l’immobilisme politique. La fin de la famille Castro à la tête de...

18 - Avril - 2018

Trump a envoyé le patron de la CIA rencontrer Kim Jong-un

L’existence de contacts au plus haut niveau entre Washington et Pyongyang rend de plus en plus probable la rencontre des dirigeants américain et nord-coréen. Le patron de...