Trump, l’« ami » américain de Macron

14 - Juillet - 2017

Accolades, serrages de main et assauts d’amabilités ont scandé, jeudi, la première journée de la visite officielle du président américain en France à la veille du 14-Juillet.
Il a osé le mot. « Ce soir, nous aurons un dîner entre amis », a lancé Emmanuel Macron lors de la conférence de presse conjointe, jeudi 13 juillet, avec son homologue américain, manifestement réjoui. Et de relancer : « Nos deux nations sont alliées depuis toujours, mais nous avons une relation personnelle forte à laquelle je suis attaché. »
Les couples présidentiels Macron et Trump dînent au Jules Verne, restaurant du chef Alain Ducasse au second étage de la tour Eiffel, le 13 juillet. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
Les deux présidents accompagnés de leurs femmes ont conclu au Jules Verne, un restaurant étoilé situé au deuxième étage de la Tour Eiffel, la première journée de la visite officielle et hautement symbolique dans la capitale française d’un Donald Trump reçu avec tous les honneurs. Il s’agissait de commémorer le 100e anniversaire de l’entrée en guerre des Etats-Unis pendant le premier conflit mondial, mais aussi de rappeler la centralité de l’alliance avec Washington.
Accueil aux Invalides avec garde d’honneur et fanfare, hommage à la tombe du maréchal Foch puis à celle de Napoléon pendant de longues minutes. Rien n’a été négligé pour souligner le caractère solennel de la rencontre. Brigitte Macron et Melania Trump sont ensuite allées à Notre-Dame puis ont fait une croisière sur la Seine.

Cérémonie d’accueil de Donald Trump, président des Etats-Unis par Emmanuel Macron, président de la République française, à l’Hôtel national des Invalides à Paris, le 13 juillet. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
M. Macron a continué la visite avec son invité, lui expliquant la mémoire des lieux avant de partir avec lui vers l’Elysée pour une longue réunion de travail. « On prend ma voiture ? », lance M. Trump. « Sure », répond en anglais le chef de l’Etat français de 39 ans. Ce dernier semble avoir oublié ses piques du passé à l’égard du magnat de l’immobilier, 71 ans, plus vieux président de l’histoire américaine, qu’il épinglait encore, il n’y a pas si longtemps, pour « son manque d’humilité » et ses provocations.
M. Macron veut se poser en médiateur
Les accolades, les serrages de main, les assauts d’amabilités ont continué ainsi tout au long de la journée à la grande joie du locataire de la Maison Blanche.

Emmanuel Macron, président de la République française reçoit Donald Trump, président des Etats Unis au palais de l'Elysée à Paris, le 13 juillet. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
A la question posée par une journaliste américaine au sujet de l’entretien entre le fils aîné de M. Trump et une avocate russe proche du Kremlin en 2016, l’occupant du bureau Ovale a affirmé que « la réunion n’avait rien donné » et que « la politique n’était pas l’endroit le plus joli sur terre ». M. Macron a ajouté : « J’ai pour habitude de ne pas interférer dans la politique intérieure de nos partenaires. »
« Vous avez un président fantastique qui a du cran », a lancé le président des Etats-Unis, ravi. « C’est une personnalité narcissique très sensible aux hommages », rappelle un journaliste américain qui, comme nombre de ses collègues venus des Etats-Unis, s’étonne de ne pas voir de manifestants dans les rues de Paris. Ils étaient moins de 200, le 13 juillet au soir, sur la place de la République.
M. Macron veut se poser en médiateur entre un président américain toujours plus isolé sur la scène internationale, notamment après son retrait de l’accord de Paris sur le climat, le 1er juin, et les autres dirigeants du G20.
Les divergences sont réelles sur ce sujet, a répété M. Macron. « Je respecte la décision du président Trump qui va mener la réflexion et le travail qui conviennent à ses engagements de campagne ; pour ma part, je reste attaché à l’accord de Paris », a-t-il rappelé alors que son interlocuteur affirmait, en des termes vagues, que « quelque chose pourrait se passer sur l’accord de Paris ». Pour le moment, aucune alternative n’a été évoquée, mais ces propos de M. Trump illustrent la cordialité de la rencontre.

Conférence de presse d'Emmanuel Macron, président de la République française et de Donald Trump, président des Etats-Unis au palais de l'Elysée à Paris, le 13 juillet. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
Le ton est encore plus conciliant à propos du libre-échange, alors même que M. Trump, au nom d’« America First » (« L’Amérique d’abord »), avait fait du protectionnisme un étendard de campagne. « Il faut tout faire pour qu’un commerce libre et équitable puisse se mettre en place, et il faut prendre des mesures efficaces pour lutter contre le dumping social afin de protéger un juste libre-échange », a souligné M. Macron.
Mais c’est avant tout à propos de la lutte contre le terrorisme et l’organisation Etat islamique (EI) que les deux hommes ont été à l’unisson. La Syrie et l’après-EI ont été longuement évoqués au cours de la journée.
Le président français veut revenir dans le jeu diplomatique. Il n’hésite pas à parler de « changement de doctrine », même si déjà, dans la dernière année de la présidence Hollande, Paris ne faisait plus du départ de Bachar Al-Assad « un préalable » pour un processus.
Désormais, la position française semble vouloir redevenir audible auprès du président russe, Vladimir Poutine. Elle est au diapason de celle de M. Trump, qui a annoncé travailler avec Moscou à la recherche d’un deuxième cessez-le-feu, après celui instauré dans le sud-ouest de la Syrie, le 7 juillet.

Dans la cour de l’Elysée, les journalistes de télévison au travail, le 13 juillet. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR LE MONDE
Ces zones de « désescalade » deviennent progressivement, à leurs yeux, une réalité. Il s’agit maintenant de relancer le processus de négociation. « Notre souhait est de pouvoir initier un groupe de contact pour intervenir de manière beaucoup plus efficace en soutien à ce qui est fait par les Nations unies pour construire la feuille de route de l’après-guerre en Syrie », a annoncé M. Macron, affirmant qu’un tel projet porté par les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU devrait se concrétiser dans les prochaines semaines.
Et de rappeler aussi que ces négociations pour « une solution politique inclusive » du conflit devraient impliquer aussi bien des représentants du régime que de l’opposition. C’est déjà le cas à Genève, sans résultat.

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