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Tsunami en Indonésie : « Il n’a pas été possible d’anticiper la catastrophe »

24 - Décembre - 2018

En frappant samedi soir les rives du détroit de la Sonde, qui sépare les îles de Java et Sumatra, en Indonésie, le tsunami a pris totalement par surprise non seulement les habitants de la région, mais aussi les systèmes de surveillance. « L’absence de système d’alerte précoce explique que le tsunami n’ait pas été détecté, a reconnu le porte-parole de l’Agence nationale de gestion des catastrophes, Sutopo Purwo Nugroho. Les signes de l’arrivée d’un tsunami n’ont pas été détectés et les gens n’ont pas eu le temps d’évacuer. »

L’Indonésie est pourtant l’un des pays du monde les plus sujets aux catastrophes naturelles. Formé par la convergence de plaques tectoniques, l’archipel se trouve sur la ceinture du feu du Pacifique, une zone de forte activité sismique et volcanique.

Pour Ayang Satyana, géologue indonésien auprès de la Force d’intervention spécialisée dans la recherche de pétrole et de gaz, une agence gouvernementale, le fait que ce tsunami n’ait pas été déclenché par un séisme explique l’absence d’alerte précoce.

Pourquoi aucune alerte au tsunami n’a-t-elle été lancée ?

Le tsunami n’a pas été provoqué par un séisme et il n’a donc pas été possible d’anticiper la catastrophe et d’alerter les gens. En Indonésie, nous ne disposons pas de la technologie permettant d’anticiper un tsunami qui n’est pas provoqué par un tremblement de terre. En revanche, quand il s’agit d’un séisme, même si son amplitude est faible, nous avons les moyens de le savoir et de diffuser l’information [quant à la possibilité d’un tsunami].

La réponse au tsunami a-t-elle malgré tout été trop lente ?

Non, car le tsunami du détroit de la Sonde a été la résultante d’événements géologiques complexes : outre le fait qu’il n’est pas lié à un séisme, l’événement s’est produit au moment d’une pleine lune suivie de fortes marées, elles-mêmes suivies par l’éruption du volcan Anak Krakatao. Ce que l’on peut penser pour l’instant, c’est que l’affaissement de l’une des pentes du volcan durant l’éruption a pu être l’une des causes du tsunami. Même si ce n’est pas l’éruption en tant que telle qui cause le tsunami : ce sont les déplacements de terrains et la chute d’une partie du volcan dans l’océan que l’éruption a provoqués…

Si cela s’était passé ailleurs dans le monde, aurait-il été tout aussi difficile de répondre à la catastrophe et d’en déterminer les causes ?

Quand le tsunami n’est pas provoqué par un tremblement de terre, il est toujours difficile d’en déterminer les raisons. En outre, l’Indonésie est géologiquement plus complexe que tous les autres endroits de la planète. C’est donc seulement en additionnant un certain nombre de paramètres compliqués que l’on peut comprendre une telle catastrophe.

Peut-on espérer qu’une alerte au tsunami soit lancée si un autre événement de ce type se reproduit prochainement dans le détroit de la Sonde ?

Ce qui vient de se passer est inédit pour l’Indonésie. Je ne sais pas combien de temps il va nous falloir pour façonner un modèle de réponse appropriée à ce genre de désastre. Je pense qu’une fois cette modélisation définie, il sera possible de mettre sur pied un système d’alerte. Cela pourrait prendre entre trois mois et un an.

L’Indonésie a-t-elle besoin de systèmes permettant d’anticiper les éruptions volcaniques ?

Bien sûr ! Nous disposons déjà d’une certaine technologie à cet égard, mais nous avons besoin d’appareils plus modernes. Ceux dont nous disposons ne fonctionnent pas toujours très bien, car ils ont été endommagés par… les éruptions !

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