« Un an après son entrée en fonctions, Trump reste obsédé par l’idée de se démarquer d’Obama »
Pour Marie-Cécile Naves, chercheuse associée à l’Institut de relations internationales et stratégiques, Trump reste un président qui entretient les clivages.
Donald Trump a parlé d’une Amérique « forte et fière », mais ceci à toutes les chances de rester dans le registre incantatoire. Win McNamee / AP
Appel à l’unité, économie, infrastructures, immigration, « Etats rivaux », Iran, Corée du Nord, Guantanamo… Alors que son mandat reste plombé par les soupçons de collusion de son entourage avec la Russie et à neuf mois des élections de mi-mandat, dans son premier discours sur l’état de l’Union, Donald Trump a joué la carte du rassemblement.
Selon Marie-Cécile Naves, chercheuse associée à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et codirectrice de publication du site d’analyse et d’opinion Chronik, l’enjeu est de taille pour le président, qui doit élargir sa base électorale pour éviter de faire perdre aux républicains leur majorité au Congrès.
Après ce discours, peut-on dire que Trump est en voie de « normalisation » ?
Marie-Cécile Naves : L’exercice du discours sur l’état de l’Union se veut très formel. Il s’agit d’un discours qui a été préparé par ses conseillers et par le vice-président, et Donald Trump le lisait sur un prompteur.
Ce discours est un moment où, traditionnellement, le président appelle à l’unité et à la cohésion nationale. Il a parlé d’une Amérique « forte et fière », mais cela a toutes les chances de rester dans le registre incantatoire, sachant qu’il y a eu des précédents depuis un an — comme le discours qu’il avait prononcé en février 2017 devant le Congrès ou après chaque tuerie de masse, lorsqu’il appelle à l’unité.
Mais dans les faits, il reste un président qui entretient les clivages, ce qui se voit dans son propos, où l’immigration se résume, pour lui, à la violence, la drogue et au terrorisme.