Un incendie meurtrier dans un centre commercial révèle la corruption endémique en Russie
Au moins 64 personnes sont mortes à Kemerovo, en Sibérie, alors que les premières conclusions de l’enquête confirment les « violations flagrantes » des normes de sécurité.
Comme souvent dans les villes russes, le centre commercial de Kemerovo était devenu son principal lieu de vie pour les week-ends en famille ou entre amis. Dimanche 25 mars au soir, dans la cité minière de Sibérie occidentale, la sortie au magasin, au restaurant, au cinéma ou au bowling a viré au drame. Au moins 64 personnes, dont officiellement une dizaine d’enfants, ont péri dans l’incendie de Zimnaia Vishnia (« cerise d’hiver »), le centre commercial où s’étaient retrouvés, sur quatre étages, des milliers d’habitants de la ville et des villages environnants.
Les premières conclusions du comité d’enquête ont vite confirmé le constat des secouristes. Dans la conception du centre, mais surtout dans son exploitation, les « violations flagrantes » des normes de sécurité étaient nombreuses : matériaux de construction inflammables, issues de secours closes, système d’évacuation de fumées déficient, alarme débranchée, alertes inexistantes… Bloqués à l’intérieur du cinéma dont les portes étaient fermées à clef pour éviter les resquilleurs, des enfants ont appelé leurs parents au téléphone. D’autres ont sauté par les fenêtres.
« On parle de problèmes démographiques, mais trop de gens meurent, et à cause de quoi ? A cause de négligence criminelle, de laisser-aller », a fustigé mardi matin Vladimir Poutine. Arrivé à Kemerovo, le chef du Kremlin doit s’entretenir avec les autorités locales, notamment le gouverneur Aman Tuleyev. Ce dernier pourrait être rapidement remercié. A la présidentielle du 18 mars, il avait pourtant fait obtenir à M. Poutine l’un de ses meilleurs résultats : plus de 85 % des voix, sur fond d’une participation supérieure à 80 %.
Des habitants se sont rassemblés dans le centre de Kemorovo, près des bureaux du gouverneur, aux cris de « Démission ! », « Criminels ! » et « Vérité ! » Mais, après l’incendie, la colère monte. Quelques centaines d’habitants se sont rassemblés mardi matin.