Un repenti de Boko Haram : « On croyait que c’était pour la religion mais c’était un business »

31 - Août - 2017

D’anciens combattants de la secte islamiste racontent comment ils ont rejoint ses rangs, par appât du gain. Si certains confient leur honte et leurs traumatismes, la plupart ne réalisent pas l’ampleur du désastre qu’ils ont causé.

Baba Gana, 32 ans, dresse un bilan sévère de ses années Boko Haram. « J’ai plus appris à tuer qu’à lire le Coran », dit-il, reconnaissant avoir rejoint les rangs djihadistes par appât du gain. Il y a trois ans, des combattants de la secte ont attaqué le camion de ce transporteur, originaire d’une petite ville nigériane frontalière du Niger. Il a suivi son véhicule confisqué et a fini par s’enrôler, séduit par les promesses d’argent. « Au début, je touchais 35 000 nairas (82 euros au cours actuel) par semaine », précise-t-il, regard sombre et corps sec.
Sur Dogon Chuku, une île nigériane du lac Tchad, Baba Gana n’a manqué de rien. Il a profité des pillages, des femmes kidnappées ou enrôlées volontaires. Les prêches de son chef, Abubakar Shekau, n’étaient écoutés que d’une oreille distraite. « J’ai pris plaisir à tuer. Je me sentais puissant. On a beaucoup tué, kidnappé. On croyait que c’était pour la religion, puis j’ai compris que c’était un business », dit-il. Par la suite, les conditions de vie se sont durcies, de même que les combats face aux armées des pays du lac Tchad (Niger, Nigeria, Cameroun, Tchad) qui tentent de coordonner leurs opérations contre Boko Haram.

Au moment de l’attaque du camion de Baba Gana en 2014, Moustapha Abubakar, petit paysan de la région de Diffa, dans le sud-est du Niger, a lui aussi sauté le pas. « Je ne m’en sortais pas niveau fric. Boko Haram faisait les va-et-vient dans nos villages, pour se ravitailler et recruter. Ils m’ont fait une proposition d’argent. Je les ai rejoints pour ça, c’est tout », confie cet homme de 29 ans au visage scarifié, comme le veut la tradition kanouri, l’ethnie de la plupart des chefs de Boko Haram.
Le voilà donc qui débarque à Tumbu Guini, une autre île du lac. Il y découvre près d’un millier de combattants disséminés dans des cabanes et des petits hangars infestés de moustiques. Malgré sa maladresse au tir, son physique de colosse.

Autres actualités

19 - Mai - 2017

L’ONU s’alarme de l’usage inhabituel d’armes lourdes en Centrafrique

Des mortiers et des lance-grenades auraient été utilisés lors d’une attaque le 13 mai dans le quartier musulman de Bangassou, dans le sud-est du pays. Une...

19 - Mai - 2017

Au Mali, Macron confirme l’engagement français contre le djihadisme

Emmanuel Macron a confirmé vendredi 19 mai l’engagement militaire de la France au Mali et au Sahel pour la sécurité de la région, évoquant une...

18 - Mai - 2017

Etats-Unis : un procureur spécial va enquêter sur le rôle de la Russie dans l’élection de 2016

L’ex-directeur du FBI Robert Mueller va se pencher sur les liens entre Moscou et la campagne Trump. « J’attends avec impatience que cette affaire soit classée », a...

18 - Mai - 2017

Macron s’essaie (lui aussi) à la synthèse pour son gouvernement

Composée autour de trois grands blocs, l’équipe gouvernementale vise un objectif précis : gagner les législatives. Cédric Pietralunga , Raphaëlle...

17 - Mai - 2017

Emmanuel Macron, défenseur prudent de l’ouverture commerciale

Le président français adopte, à l’échelle de l’Union européenne, un discours résolument axé sur la « protection »....