">

Venezuela : deux présidents sous le regard médusé de leur peuple

28 - Janvier - 2019

Sur une bassine en plastique renversée, Malys, qui, au Venezuela, était caissière de supermarché, dispose un Thermos de café et quelques cigarettes, des plaquettes d’aspirine et d’antibiotiques qu’elle vendra au détail. « Sans l’aide de Dieu, personne ne va renverser Nicolas Maduro, ni Juan Guaido, ni les Américains, ni personne », regrette-t-elle. A 5 heures du matin, il fait encore nuit sur le pont Simon-Bolivar, qui sépare la ville colombienne de Cucuta de celle de San Antonio, au Venezuela.

La grille du poste-frontière s’ouvre. Malys guette les premiers clients. Le bras de fer en cours à Caracas qui oppose Nicolas Maduro, le président élu et contesté, et Juan Guaido, le jeune président de l’Assemblée nationale, qui s’est autoproclamé président par intérim le 23 janvier, n’a encore rien changé.

Tout manque au pays de la révolution bolivarienne – le riz, les pneus, les médicaments. L’hyperinflation – 3 % par jour – dévore les hausses de salaires. Et les 30 000 Vénézuéliens qui traversent le pont à pied tous les jours sont accablés par les difficultés de la vie quotidienne. Ils viennent travailler ou faire leur course. Rares sont ceux qui ont de quoi acheter des marchandises pour les revendre.
« L’erreur de Chavez »

Une migrante en jogging défraîchi corrige gentiment la journaliste qui l’interroge : « Maduro n’est plus président de la République. Le seul président légitime, maintenant, c’est Juan Guaido. Il va falloir vous habituer. Et Guaido ne s’est pas “autoproclamé”, il a prêté serment en application de notre Constitution, et il a été reconnu par soixante pays. C’est bien compris ? » La dame se dit « férocement optimiste ». Elle veut croire que le rapport de force s’est renversé et que « l’armée va finir par lâcher Nicolas Maduro ».

L’attaché militaire de l’ambassade du Venezuela à Washington n’a-t-il pas déserté, samedi ? Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le général José Luis Silva, en uniforme, a en effet invité « le peuple vénézuélien et surtout [ses] frères des forces armées à reconnaître Juan Guaido comme seul président légitime du pays ». Dimanche soir, son appel n’avait pas été suivi.

« Silva a probablement été acheté très cher par les Américains, dit Javier, un technicien de 32 ans. J’ai deux cousins dans la garde nationale. Ils en ont ras le bol, mais ils ne vont pas bouger. Ils ont peur de leur hiérarchie. Les généraux ont trop à perdre pour lâcher Maduro. » A Caracas, Juan Guaido, qui a fait voter une loi d’amnistie pour les fonctionnaires et militaires acceptant de le soutenir, tente de séduire l’armée.

Autres actualités

05 - Octobre - 2017

Espagne : la crise contraint Felipe VI à sortir de l’ombre de son père, Juan Carlos

Avec son discours condamnant la « déloyauté » des indépendantistes catalans, il a surpris les Espagnols, qui ne le voyaient jusqu’ici que comme un VRP de...

05 - Octobre - 2017

Des soldats nigériens et américains tués dans une embuscade au Niger

Le guet-apens a été tendu mercredi par des assaillants inconnus dans la région Nord-Tillabéri au Niger, à proximité de la frontière avec le Mali....

04 - Octobre - 2017

Qui veut intimider la Russie ?

Depuis trois semaines, une étrange vague de fausses alertes à la bombe a provoqué des milliers d’évacuations dans tout le pays. Evacuation d’un centre...

04 - Octobre - 2017

Au Rwanda, l’opposante Diane Rwigara inculpée d’« incitation à l’insurrection »

La jeune femme, qui avait tenté de se présenter à la présidentielle d’août contre le président Kagamé, avait été...

03 - Octobre - 2017

Le Cameroun anglophone, en ébullition, compte ses morts

Deux régions de l’ouest ont proclamé leur « indépendance » symbolique. Un premier bilan officiel fait état de 17 personnes tuées par les...