Xi Jinping promet une « nouvelle ère » pour la Chine socialiste

18 - Octobre - 2017

A l’ouverture du 19e congrès du parti, le numéro un chinois revendique une « place encore plus centrale sur la scène internationale » pour son pays.
Xi Jinping, au 19e congrès du Parti communiste chinois, à Pékin, le 18 octobre.
Costume serré, cravate sombre, Xi Jinping, le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) et président du pays, a exposé mercredi 18 octobre sa vision de la Chine dans un discours fleuve de plus de trois heures à l’ouverture du 19e congrès du PCC à Pékin. M. Xi a déroulé les accomplissements du parti pour les cinq années écoulées, mais aussi précisé l’ampleur des ambitions et des projets qu’il nourrit pour les cinq années à venir – et au-delà.
Ceux-ci laissent présager une Chine encore plus investie qu’elle ne l’a été dans ses efforts tous azimuts de modernisation, mais aussi nationaliste, autoritaire et, plus que jamais, appelée à respecter la ligne directrice donnée par son secrétaire général. Une « nouvelle ère » a promis le numéro un chinois aux « camarades » du parti, qui verra la Chine « prendre une place encore plus centrale sur la scène internationale ».

« Petite prospérité »
Malgré la pollution et le temps pluvieux, l’heure était à la discipline et à la ferveur dans l’amphithéâtre du Palais du peuple, sur la place Tiananmen, en plein cœur de la capitale chinoise : les quelque 2 300 délégués ont longtemps applaudi en cadence lors de la cérémonie d’ouverture, avant de chanter l’hymne national. Sur Weibo, le Twitter chinois, un flot de photos montrait des scènes d’enfants ou de vieillards postés devant un téléviseur dans les endroits les plus reculés de Chine. Autour de M. Xi, avant qu’il ne rejoigne le pupitre, ont pris place ses prédécesseurs, Hu Jintao mais aussi Jiang Zemin, 91 ans. Puis, les membres de l’actuel comité permanent du bureau politique, son collectif suprême de direction, et nombre d’anciens dirigeants.
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Le congrès est un rendez-vous politique de la plus haute importance puisqu’il se tient tous les cinq ans et élabore le cadre politique du quinquennat à venir. Il va entériner le renouvellement des instances dirigeantes du parti, son comité central d’environ 300 membres, puis son bureau politique et, surtout, son comité permanent, le véritable cœur du pouvoir. Non seulement M. Xi est assuré d’être reconduit pour un second mandat comme il est d’usage, mais il sort largement consolidé dans son assise politique après les cinq années écoulées : nombre de ses alliés sont déjà à la tête des provinces et des municipalités les plus importantes, ou encore des institutions-clés, ou y seront confirmés lors du grand remaniement en cours. « Il n’y a pas de doute que Xi Jinping va consolider son pouvoir et promouvoir ses alliés durant ce congrès », explique le politologue Jean-Pierre Cabestan.
Le « rapport politique » fleuve de M. Xi au congrès s’est voulu à la fois une sorte de « discours à la nation » et un bilan des années écoulées. Xi Jinping a longuement expliqué la portée des 1 500 mesures prises par ses équipes dans les domaines de la gouvernance, de l’innovation technologique, de la loi, de l’armée, de la construction du parti. Ce vaste chantier collectif, mis en œuvre par le PCC, a largement rapproché la Chine, a assuré le secrétaire général, des grands objectifs fixés par le parti au début des années 2000 : à savoir celui très proche de 2020, date de l’avènement programmé d’une « société de petite prospérité », où la pauvreté aurait été presque éradiquée et les classes moyennes seraient majoritaires.
« Irréprochable »
Puis, celui de 2049 – à atteindre, a détaillé M. Xi en deux étapes –, date d’anniversaire de la fondation de la République populaire, d’un « pays socialiste moderne, prospère et puissant ». Et, enfin, celui du « rêve chinois », le grand thème mobilisateur de Xi Jinping, prononcé au moins une dizaine de fois lors de son discours : « Camarades, nous sommes aujourd’hui, plus près, plus confiants et plus capables que jamais, de réaliser l’objectif de la grande renaissance nationale », s’est félicité M. Xi, avant d’exposer son programme pour la « nouvelle ère » qui s’ouvre désormais.
M. Xi a proposé un « socialisme à caractéristiques chinoises » d’un genre nouveau et adapté aux défis qui se posent à la Chine. Il s’agira en fait de parachever le grand recentrage politique, idéologique et culturel autour du PCC qu’il a impulsé durant son premier quinquennat : le secrétaire général a ainsi insisté sur le rôle fondamental des « valeurs essentielles du socialisme » ou encore de la culture traditionnelle chinoise mais aussi révolutionnaire (pour forger une « confiance culturelle » chinoise) et, bien sûr, sur la suprématie du PCC dans la gestion des affaires de l’Etat.
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Pas question de baisser la garde dans ce domaine : « Il faut de bons forgerons pour produire un acier solide », a rappelé le numéro un chinois. Chaque « camarade » a été encouragé à être « irréprochable » et digne de la confiance du peuple, mais aussi à faire davantage pour « s’opposer résolument à toutes les déclarations et les actions qui visent à mettre en question, déformer, ou nier le système socialiste chinois ou la direction du parti » – signe que les voix critiques dans la société continueront à être sévèrement punies.
L’exposé de Xi Jinping a dévoilé la philosophie qu’il souhaite voir inscrite dans les statuts du parti et qui sera soumise à l’approbation du nouveau comité central : « La pensée du socialisme aux caractéristiques chinoises pour la nouvelle ère. » Si les « caractéristiques chinoises » renvoient à Deng Xiaoping, seul Mao avait jusqu’alors été associé à une « pensée » dans la charte du parti.

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