Affaire Fillon : la presse étrangère suit de près la « désintégration des Républicains »

15 - Mars - 2017

Affaire Fillon : la presse étrangère suit de près la « désintégration des Républicains »

Les journaux internationaux se passionnent pour la campagne présidentielle française, et portent un regard sévère sur l’affaire touchant le candidat de la droite.

En Allemagne, où la campagne présidentielle française est suivie de très près, la mise en examen de François Fillon a été annoncée quasiment en temps réel sur les grands sites d’information. Les commentaires ont en revanche été assez laconiques. A quelques rares exceptions près, comme celle du quotidien économique Handelsblatt, qui y voit le signe de « la désintégration des Républicains en France », la plupart des journaux se sont pour l’instant contentés de relayer la nouvelle à l’état brut.

Cette sobriété n’est pas le signe d’un désintérêt. Bien au contraire. Ces dernières semaines, les déboires du candidat de la droite française ont fait l’objet de dizaines d’articles dans la presse allemande. Des articles en général extrêmement sévères, y compris dans des journaux conservateurs comme la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui, dès le lendemain des premières révélations du Canard enchaîné sur l’emploi présumé fictif de l’épouse de l’ancien premier ministre à l’Assemblée nationale, avait titré : « Filou Fillon ? »

« Suicide politique »
La presse britannique, qui suit pourtant de très près la campagne présidentielle française, accorde peu de place à la mise en examen de François Fillon, développement qu’elle a déjà annoncé. Les principaux journaux se contentent de rapporter le fait. « François Fillon visé par une enquête formelle dans le scandale des emplois fictifs », titre ainsi le Guardian. Le Financial Times titre de la même façon sans utiliser le mot « scandale » et souligne que la convocation par les juges a été avancée d’un jour pour éviter la couverture des médias.
Même le conservateur Telegraph, qui avait publié la fameuse interview de Penelope Fillon en 2007, semble n’accorder qu’un intérêt très relatif à ce nouveau développement. L’avancée de Marie Le Pen dans les sondages et les conséquences de son éventuelle accession au pouvoir passionnent nettement davantage les médias britanniques.

La Belgique, plus proche culturellement de Paris, s’étonne. « Suicide politique » a commenté le quotidien néerlandophone De Standaard tandis que La Libre Belgique et Le Soir ont mis l’information en « une » de leur site dès qu’elle a été connue mardi. Les quotidiens francophones suivent de très près la campagne et y consacrent d’abondants dossiers. Mercredi matin, c’est toutefois un propos tenu à Varsovie par le ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, qui retenait plutôt l’attention. Proche du parti Les Républicains, et ami de Nicolas Sarkozy, il a appelé les Français à ne pas voter pour Marine le Pen. Il a évoqué la présence massive de Français vivant en Belgique pour justifier cette intervention assez inhabituelle.
Turpitudes
Le 2 mars, peu après l’annonce de la prochaine mise en examen du candidat Les Républicains, le quotidien libanais francophone L’Orient Le Jour a publié un commentaire au vitriol, intitulé « L’Etat sans droit de François Fillon ». Son auteur, le journaliste Anthony Samrani, y fustige le « populisme complotiste » du député de Paris qui, en dénonçant « le climat de quasi-guerre civile en France », recourt, selon lui, à « la rhétorique employée par les dirigeants autoritaires du monde arabe pour faire taire les mouvements de contestation ». « Mais dans ce monde arabe, l’Etat de droit est le plus souvent une chimère, tandis que la guerre civile, elle, est parfois une réalité. Est-ce vers ce modèle que François Fillon souhaite que la France se dirige ? », s’interroge le journaliste.
Mais en général, la presse arabe a assez peu commenté les déboires de François Fillon. Les torts qui lui sont reprochés paraissent aux habitants du Proche-Orient plutôt minces comparés aux turpitudes de leurs propres dirigeants. Et quand ils traitent de l’actualité politique sur le Vieux Continent, les journaux arabes s’intéressent surtout à la montée de l’extrême droite.
Au Japon, le quotidien de centre gauche Asahi qui voit dans la mise en examen « un coup dur qui pourrait affecter son taux de soutien à l’approche du premier tour en avril ». Autre journal de centre gauche, le Mainichi détaille l’affaire mais signale également le refus de la candidate du Front national de « répondre aux convocations de la justice pour une affaire de rémunération de ses assistants parlementaires ».

Autres actualités

14 - Mars - 2019

Enfants de djihadistes français, la redoutable équation

La question se posait depuis des mois, depuis que se dessinait la défaite militaire de l’organisation Etat islamique, acculée dans ses derniers bastions du nord de la Syrie :...

14 - Mars - 2019

Au Mipim, les villes britanniques tentent de conjurer l’effet Brexit

La City s’attend à perdre des entreprises et des emplois : l’incertitude va devenir notre nouvelle norme. » La voix est calme, mais l’inquiétude est...

13 - Mars - 2019

Sahara occidental : l’ONU convoque une deuxième table ronde en Suisse les 21 et 22 mars

Horst Kohler, l’émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental, a envoyé des invitations au Maroc, au Front Polisario, à l’Algérie et à la...

13 - Mars - 2019

Bruxelles pose des conditions à un report du Brexit

Les négociateurs du Brexit, du côté des Européens, n’ont jamais pensé que le divorce entre le Royaume-Uni et le reste de l’Union serait un parcours...

12 - Mars - 2019

Le Congolais Jean-Pierre Bemba présente sa facture à la Cour pénale internationale

Jean-Pierre Bemba a présenté une note pour le moins salée à la Cour pénale internationale (CPI) : 68,6 millions d’euros, soit presque la moitié du...