Au Mipim, les villes britanniques tentent de conjurer l’effet Brexit
La City s’attend à perdre des entreprises et des emplois : l’incertitude va devenir notre nouvelle norme. » La voix est calme, mais l’inquiétude est là : venue défendre les intérêts du quartier d’affaires londonien au Marché international des professionnels de l’immobilier (Mipim), Catherine McGuinness, la présidente du comité politique de la City of London Corporation, se serait bien passée du tour chaotique pris par les négociations sur le Brexit. Le Mipim, organisé à Cannes jusqu’au vendredi 15 mars, n’aurait pas pu mieux coïncider avec l’actualité rocambolesque qui risque d’aboutir à un « no deal », une séparation sans accord du Royaume Uni et de l’Union européenne (UE), catastrophique pour l’économie.
Les transactions dans l’immobilier commercial ont plongé presque de moitié au cours des deux premiers mois de l’année
Autant dire que pour les 6 000 professionnels britanniques de l’immobilier présents à Cannes, la fête est un peu gâchée. Et si la délégation anglaise est plus forte qu’à l’accoutumée, c’est surtout pour convaincre les investisseurs de ne pas fuir leurs projets urbains. « Pour la première fois, il y a une délégation britannique de rang ministériel, alors qu’on n’avait jusque-là que les acteurs privés et des collectivités locales. Désormais, c’est le département du commerce international qui coordonne tout », souligne Filippo Rean, le directeur de la division immobilier de Reed Midem, l’organisateur du Mipim. Alun Cairns, membre du gouvernement de Theresa May, doit animer, jeudi 14 mars, un événement sur « l’avenir de l’investissement immobilier au Royaume Uni face au Brexit ».
Les effets se font déjà sentir. Les investisseurs ont retiré 1,3 milliard d’euros des fonds d’investissement immobiliers en Grande-Bretagne ces six derniers mois. Le marché immobilier londonien s’enrhume sous les vents mauvais du Brexit. Les transactions dans l’immobilier commercial ont plongé presque de moitié au cours des deux premiers mois de l’année. « Des décisions d’investissement et de recrutement sont retardées en attendant d’y voir plus clair ; le Brexit nous a déjà coûté 3 000 à 4 000 emplois déplacés sur le continent, et cela pourrait s’aggraver en cas de “no deal” », explique Mme McGuinness.