« AKK », la dauphine d’Angela Merkel, marque sa différence
Ce 13 novembre 2018, sa mise au point avait été cinglante. Comparée une fois de plus à une « mini Merkel » lors d’un débat à Berlin, Annegret Kramp-Karrenbauer avait sèchement réagi. « J’ai 56 ans, trois enfants aujourd’hui adultes, et une longue carrière derrière moi. Il n’y a rien chez moi de mini », avait alors assuré la secrétaire générale de l’Union chrétienne-démocrate (CDU).
Quatre mois plus tard, plus personne ne se risque à la comparaison. Depuis qu’elle a succédé à Angela Merkel à la présidence de la CDU, le 7 décembre 2018, « AKK » ne manque pas une occasion de marquer sa distance avec celle qui en avait fait sa dauphine en la nommant numéro deux du parti un an plus tôt. Elle s’y est encore évertuée, lundi 25 mars, lors de la présentation du programme commun de la CDU et de la CSU, son alliée bavaroise, en vue des élections européennes du 26 mai.
CDU-CSU : l’entente retrouvée entre les deux « partis frères » de la droite allemande
De ce programme de 22 pages, intitulé « Renforcer notre Europe. Pour la sécurité, la paix et la prospérité », il ne fut en fait que secondairement question lors de cette rencontre avec la presse. En choisissant, quinze jours plus tôt, de répondre elle-même à la « Lettre aux citoyens d’Europe » du président français Emmanuel Macron, « AKK » avait déjà dit l’essentiel sur le fond. Lundi, ce sont donc moins les propositions de la CDU-CSU que les journalistes étaient invités à découvrir que l’entente retrouvée entre les deux « partis frères » de la droite allemande, dont la chronique des déchirements a rythmé les dernières années.
Sourires appuyés, regards complices… Aux côtés de Markus Söder, le nouveau président de la CSU, et de Manfred Weber, tête de liste des conservateurs pour le scrutin européen du 26 mai, « AKK » n’a pas manqué de joindre la parole aux gestes, saluant la « solide alliance » qui unit les deux partis. M. Söder lui a donné la réplique. « Le message le plus important est que personne n’aurait pu imaginer, il y a cinq ans, une telle harmonie entre nous », s’est félicité le nouveau chef de file de la droite bavaroise.
« La relation CDU-CSU a été compliquée sous Merkel et encore plus depuis la crise des réfugiés de 2015. »
Malgré son caractère quelque peu surjoué, une telle scène aurait été impensable il y a encore six mois, à l’époque où les conférences de presse d’Angela Merkel et de Horst Seehofer, alors présidents de la CDU et de la CSU, se déroulaient dans une ambiance glaciale. « C’était le premier objectif d’“AKK” en devenant présidente de la CDU : restaurer une relation de confiance avec la CSU, relation qui avait toujours été compliquée sous Merkel et encore plus depuis la crise des réfugiés de 2015. De ce point de vue, ses débuts sont plutôt positifs », analyse un cadre du parti.