Arabie saoudite : le roi Salman propulse son fils au rang d’héritier

21 - Juin - 2017

Arabie saoudite : le roi Salman propulse son fils au rang d’héritier

Cette décision, annoncée mercredi par décret royal, induit une modification de l’ordre de succession révolutionnaire dans le pays.

Une page s’est brutalement tournée en Arabie saoudite, mercredi 21 juin, avec la décision du roi Salman Ben Abdelaziz Al-Saoud de propulser son fils Mohammed Ben Salman au rang de prince héritier. Pour ce faire, le souverain saoudien a écarté son neveu, Mohammed Ben Nayef, qui occupait, en outre, les fonctions de ministre de l’intérieur. Le décret royal dont a rendu compte l’agence de presse officielle SPA précipite une évolution qui apparaissait inéluctable compte tenu de la proximité sans égale entre le roi et son fils.
PUBLICITÉ

La modification dans l’ordre de succession introduite par ce décret est révolutionnaire à l’aune de l’histoire de ce jeune pays qui n’existe dans ses frontières actuelles que depuis 1932. Elle tourne en effet le dos au mode de succession dit adelphique en vigueur depuis plus d’un demi-siècle et qui spécifie que le pouvoir se transmet entre frères avant le passage à la génération suivante. Le choix de Mohammed Ben Salman met un terme à l’épopée du clan des Soudeyris, du nom d’une des épouses du roi Abdelaziz, qui a longtemps désigné la lignée la plus puissante au sein de la famille royale saoudienne.
La décision du roi Salman, 81 ans, est également un tournant compte tenu du jeune âge du prince héritier : 31 ans. Lorsque ce dernier lui succédera, le moment venu, il pourrait en effet compter sur des décennies au pouvoir, sauf embardée politique, ce qui constituerait une nouveauté depuis la régence de fait exercée par le prince Abdallah après l’accident de santé qui avait écarté du pouvoir le roi Fahd, en décembre 1995. Abdallah comme Salman ont accédé au trône alors qu’ils étaient déjà septuagénaires.
Prince ambitieux
Mohammed Ben Salman était devenu un très précoce conseiller de son père, en 2009, lorsque ce dernier occupait encore les fonctions de gouverneur de Riyad. Il l’avait accompagné au ministère de la défense, l’un des piliers de la dynastie, à la mort de son inoxydable titulaire, Sultan Ben Abdelaziz Al-Saoud, en octobre 2011. A la mort d’Abdallah, en janvier 2015, qui a permis à Salman d’accéder au trône, le roi a écarté son demi-frère Muqrin, alors prince héritier, au profit de son neveu, Mohammed Ben Nayef. Le sort de ce dernier était cependant inconfortable, compte tenu des ambitions de Mohammed Ben Salman, propulsé à la tête du ministère de la défense en dépit de son jeune âge.
L’un de ses premiers actes a été d’engager l’Arabie saoudite dans une guerre civile au Yémen, transformée depuis en bourbier. Mais le prince ambitieux ne s’est pas limité aux armées, puisqu’il a rapidement pris le contrôle du secteur du pétrole, éminemment stratégique, ouvrant la voie à une privatisation partielle de la puissante compagnie Aramco. En avril 2016, enfin, il a dévoilé un ambitieux programme de modernisation d’un pays resté dépendant de la rente pétrolière, « Vision 2030 ». Il avait œuvré auprès d’un autre « héritier », Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, pour organiser la première visite à l’étranger du président des Etats-Unis, en mai.

Autres actualités

07 - Avril - 2020

Génocide des Tutsi au Rwanda : la commission de recherche détaille sa méthode et ses moyens

Une méthodologie stricte et rigoureuse mais aucune révélation pour l’instant. Comme elle s’y était engagée, la commission de recherche sur les...

07 - Avril - 2020

Coronavirus : Singapour face à une « deuxième vague »

Les spécificités d’un « modèle » singapourien vanté pour son efficacité dans la lutte contre la prolifération du Covid-19 sont...

06 - Avril - 2020

Rama Yade : « Seule l’Afrique, avec sa jeunesse en perpétuel mouvement, apparaît en capacité de penser la destinée collective de l’humanité »

Pour l’ancienne secrétaire d’Etat, l’Afrique peut présenter dès maintenant un agenda de rupture pour relancer le multilatéralisme. Ce continent...

06 - Avril - 2020

En Angola, la population traîne les pieds face à l’état d’urgence contre le coronavirus

C’est le cri du cœur et du ventre, partagé dans toute l’Afrique par la population des villes soumises à l’état d’urgence, au confinement ou au...

04 - Avril - 2020

Keir Starmer élu à la tête du Parti travailliste britannique

Les adhérents du Parti travailliste britannique ont désigné, samedi 4 avril, le centriste et europhile Keir Starmer comme nouveau chef pour succéder au très...