Au Gabon, interrogations et rumeurs en l’absence du président Ali Bongo

08 - Janvier - 2019

« Il fallait s’y attendre. » Gaston a l’air sûr de lui, lundi 7 janvier à midi, quelques heures après une tentative de coup d’Etat à Libreville, capitale d’un pays dont le président est absent depuis plus de deux mois et où le gouvernement n’assure plus que les affaires courantes. Ali « Bongo [Ondimba] n’est plus là et le gouvernement a remis sa démission. Qui tient les manettes ? », demande-t-il, faisant écho à des dizaines de Librevillois circonspects devant une situation politique inédite dans ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale de 1,8 million d’habitants.

Lundi matin, un groupe d’une dizaine de militaires a appelé sur les ondes de la Radio-Télévision gabonaise (RTG) au soulèvement populaire, disant vouloir sauver le pays du « chaos ». Las, le putsch a échoué dans la journée. L’armée a été déployée dans Libreville, deux militaires ont été abattus par les forces de sécurité, leur chef arrêté et Internet a été coupé dans le pays.
Alimenter les ragots
Cette tentative de coup d’Etat intervient après plusieurs semaines d’interrogations et de rumeurs au Gabon, depuis l’hospitalisation en Arabie saoudite le 24 octobre 2018 du président Bongo, victime d’un AVC. Début novembre, un journal d’opposition – interdit depuis pour cette « une » – avait titré : « Le Gabon en (très dangereux) pilotage automatique ». Début décembre, un autre écrivait : « Les militaires vont-ils prendre le pouvoir ? »
Dans la presse, les commentaires sur des « tensions internes » entre proches du président – entre son directeur de cabinet, Brice Laccruche Alihanga, et le chef des services de renseignement, Frédéric Bongo, – étaient nombreux. Au Gabon, royaume de la « kongossa » – rumeur, en argot –, la communication quasi mutique des autorités sur l’état de santé du président Bongo, au pouvoir depuis 2009, n’a fait qu’alimenter les ragots.

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