Au Tchad, la peur d’un vent de révolte soudanais

26 - Juin - 2019

Pour en avoir bénéficié en tant que chef rebelle en 1990 et failli en être la victime en 2006 puis en 2008, Idriss Déby sait que les vents qui amènent le changement dans son pays se lèvent souvent à l’est. Inutile donc de rechercher sur la télévision nationale tchadienne un sujet sur l’actualité soudanaise. Les mois de révolte populaire comme la répression qui s’est abattue sur Khartoum demeurent au Tchad des angles morts. Pour les émissions, priorité est donnée aux cérémonies officielles, organisées à grands frais par l’Etat : une ode permanente à l’action du couple présidentiel, Idriss et Hinda Déby.
La réunion à N’Djamena de l’Organisation internationale de la francophonie sur l’éducation des filles, un thème idéal pour présenter aux yeux du monde une image de dirigeant moderne, vient de s’achever que déjà s’est ouvert, mercredi 26 juin, un forum destiné à attirer des investisseurs du monde arabe. Comme à son habitude, le président Déby circule escorté comme un chef de guerre, laissant dans son sillage une capitale bloquée dans l’attente de son retour au Palais rose, un nom de bâtisse romantique pour une forteresse ultrasécurisée. Au Tchad, tout commence et tout s’arrête à la sécurité – la question absorbe 30 % du budget de l’Etat –, surtout celle du chef.
Dans un pays dirigé depuis bientôt trente ans par le même homme, où la gestion de la manne pétrolière a abouti à la construction de bâtiments fantômes et à une dette de 1 milliard de dollars (880 millions d’euros), et où les protestations publiques comme les réseaux sociaux sont interdits depuis plus d’un an, le pouvoir craint un effet tache d’huile, où les jeunes tchadiens viendraient imiter leurs voisins soudanais.
« Passe difficile »
« On ne peut pas calquer les deux situations. Au Tchad, la priorité des gens est d’éviter la guerre. Nous sommes dans une passe difficile avec les problèmes de la vie chère mais nous n’avons jamais été une société d’abondance. Je ne crois donc pas au soulèvement que quelques activistes tentent de provoquer depuis l’étranger », relativise un officiel sous couvert d’anonymat.
Le pouvoir garde cependant les yeux braqués sur le Soudan. Dernier chef d’Etat à avoir rencontré Omar Al-Bachir en exercice, M. Déby a discrètement reçu à N’Djamena, lundi 17 juin, le général Abdel Fattah Al-Bourhane, le chef du Conseil militaire de transition soudanais. Depuis la chute en avril de celui avec lequel il avait fini par conclure une paix sous surveillance, les émissaires circulent entre les deux capitales.

Autres actualités

26 - Novembre - 2019

Irak : un manifestant tué et des dizaines de blessés lors de manifestations à Bagdad et dans le sud

Un manifestant a été tué dans le centre de Bagdad, mardi 26 novembre, par des balles en caoutchouc tirées par les forces de l’ordre, selon des médecins...

25 - Novembre - 2019

Le conducteur du camion dans lequel 39 migrants vietnamiens sont morts plaide coupable d’aide à l’immigration illégale

Le chauffeur du camion frigorifique, où 39 migrants vietnamiens ont été retrouvés morts en octobre en Angleterre, a plaidé coupable, lundi 25 novembre,...

25 - Novembre - 2019

Le responsable de Human Rights Watch en Israël a été expulsé du pays

« Je ne me souviens pas d’une autre démocratie ayant bloqué l’accès à un chercheur de Human Rights Watch (HRW) », a déploré le...

23 - Novembre - 2019

En Iran, une fuite en avant répressive

La féroce répression qui vient de s’abattre sur les mouvements de protestation hostiles au régime iranien constitue un tournant dans l’histoire de la...

23 - Novembre - 2019

En Allemagne, la présidente de la CDU renforce son autorité sur un parti en mal d’unité

D’aucuns s’attendaient à une journée houleuse, à des règlements de comptes à couteaux tirés, voire, peut-être, à une...