Au Yémen, la guerre secrète de l’armée américaine contre Al-Qaida

15 - Décembre - 2017

Les Etats-Unis ont multiplié cette année les opérations pour faire reculer l’organisation djihadiste qui avait prospéré dans l’ombre du conflit entre rébellion houthiste et coalition arabe.

Le village d’Al-Khathlah s’étend à la pointe d’une langue de sable, qui s’enfonce dans des montagnes mauves et escarpées au centre du Yémen, dans la province de Marib. Son école compte 300 élèves, garçons et filles. Des instituteurs et un médecin y vivent, un ingénieur, des militaires. Abdoulrahman Saïd Al-Adhal, 41 ans, un notable du village, tient à mentionner ces figures locales afin que l’on ne s’imagine pas qu’Al-Khathlah est un lieu hors la loi, un repaire reculé d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), la branche yéménite de l’organisation djihadiste internationale, que les forces américaines ont frappé, le 23 mai, dans ce village. Considéré comme l’un des groupes terroristes les plus dangereux au monde par les Etats-Unis, notamment pour avoir tenté de faire exploser des avions de ligne, AQPA est à l’origine de l’attaque contre Charlie Hebdo, en janvier 2015.
Le raid, conduit au sol par les troupes d’élite des Navy Seals avec un appui aérien, visait un centre de commandement d’Al-Qaida, selon le Pentagone, qui a annoncé la mort de sept djihadistes. L’armée américaine ne disposait, le 23 mai, d’« aucun élément » indiquant que des civils aient été touchés. Les villageois, quant à eux, affirment que cinq civils ont été tués, et cinq autres blessés.
Parmi ces derniers, Mourad Saïd Al-Adhal, 22 ans, a refusé qu’on l’ampute de sa jambe gauche à l’hôpital de Marib, comme le prescrivait son chirurgien. Une partie des nerfs et de l’os a été détruite. Le jeune homme espère pouvoir sortir du Yémen, être opéré à l’étranger. Depuis le 23 mai, six femmes enceintes du village ont perdu leur enfant avant terme, dit Abdoulrahman Saïd Al-Adhal, rencontré à Marib début novembre, avec trois jeunes hommes blessés durant le raid, dont un adolescent de 12 ans. Une voisine est devenue « folle », selon lui : « Elle a perdu la tête : c’est le bruit des armes. » Une autre demeure prostrée.

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