">

Boris la menace

24 - Juillet - 2019

Et maintenant ? Le 10, Downing Street, il y pense depuis l’âge de 8 ans, si l’on en croit sa sœur Rachel. Mercredi 24 juillet, Boris Johnson réalise enfin, à 55 ans, son rêve de devenir premier ministre, vingt-quatre heures après avoir été déclaré vainqueur sur son rival Jeremy Hunt à la tête d’un Parti conservateur dévasté par l’interminable saga du Brexit. A lui, désormais, de gouverner un royaume qui n’a plus d’uni que le nom. Dire que les défis qui attendent le remuant successeur de Theresa May sont immenses relève de l’euphémisme.

Boris Johnson s’est fixé trois principaux objectifs durant sa campagne parmi les militants du parti tory, de nouveau énoncés mardi, à l’annonce de sa victoire : « Réaliser le Brexit, unir le pays, battre Jeremy Corbyn », le chef du Labour. De ces trois tâches, seule la dernière paraît à peu près aisée, tant le Parti travailliste, égaré dans un épais brouillard idéologique, n’est plus que l’ombre de lui-même.

Dès son élection, mardi, M. Johnson a réitéré sa détermination de faire sortir la Grande-Bretagne de l’Union européenne d’ici au 31 octobre, la date butoir fixée par Bruxelles. Comment entend-il y arriver ? Nul ne le sait, et peut-être pas lui-même, qui répète à l’envi que le Brexit se fera « do or die » – « coûte que coûte » –, ce qui inclut l’hypothèse d’une sortie brutale, sans accord sur les modalités.
Posture maximaliste
Ce Brexit sans accord, aux conséquences économiques potentiellement désastreuses, est redouté de part et d’autre de la Manche. Volontiers matamore, l’ancien maire de Londres affiche ainsi une posture maximaliste bien connue des professionnels de la négociation, à laquelle le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, a répondu de la manière la plus nette mardi : il se réjouit de travailler avec le nouveau chef du gouvernement britannique, a-t-il tweeté, « en vue de la ratification de l’accord de sortie » et « d’un Brexit ordonné ». Le message est clair : l’UE n’entend pas renégocier l’accord conclu avec Londres sous les auspices de Mme May, mais elle est prête à revoir des dispositions de la déclaration politique qui l’accompagne.
La versatilité étant l’un des traits de caractère les plus reconnus de Boris Johnson, il est tout à fait possible qu’il propose rapidement à Bruxelles d’autres options, y compris celle d’un report de la date du 31 octobre. Les Vingt-Sept sont ouverts à cette hypothèse, si elle est assortie de propositions raisonnables, et Boris Johnson a beau être provocateur, on peut présumer qu’il n’en a pas moins les intérêts de son pays à cœur. Mais les obstacles qui paraissaient irréductibles à la fin du règne de Theresa May, notamment celui de la frontière nord-irlandaise, ne se sont pas évanouis avec l’arrivée de M. Johnson au pouvoir.

Autres actualités

26 - Octobre - 2018

Au Brésil, les intellectuels s’élèvent contre le candidat d’extrême droite

Un « cauchemar » : voilà ce que serait l’élection de Jair Bolsonaro pour l’historienne et anthropologue Lilia Schwarcz, professeure à...

26 - Octobre - 2018

Russie, Europe et Turquie tentent de pérenniser la trêve en Syrie

Le sommet sur la Syrie réunissant, samedi 27 octobre en fin d’après-midi, les dirigeants russe, français, allemand et turc ne devrait pas durer plus de deux heures....

25 - Octobre - 2018

Au Yémen, guerre d’usure autour d’Hodeïda

Face à la base d’Al-Khokha, une douzaine de véhicules blindés de l’armée émiratie s’apprêtent à s’engager sur une route...

25 - Octobre - 2018

Brésil : sur les terres de Lula, le « vote fragile » du Parti des travailleurs

Pour trouver le chemin, il faut se repérer tant bien que mal grâce aux quelques bornes kilométriques de la route des environs du village de Caetés, dans le nord-est du...

24 - Octobre - 2018

Le gouvernement burundais absent du dernier round du dialogue de sortie de crise

La dernière session, qui doit se tenir à partir de ce mercredi à Arusha en Tanzanie, doit évoquer l’organisation d’élections inclusives en 2020....