Brésil : sur les terres de Lula, le « vote fragile » du Parti des travailleurs
Pour trouver le chemin, il faut se repérer tant bien que mal grâce aux quelques bornes kilométriques de la route des environs du village de Caetés, dans le nord-est du Brésil. Une petite école, plusieurs maisons abandonnées, des fils de fer barbelés cerclant des parcelles de terrain aux cactus en forme de cierges et de candélabres.
Plus on s’enfonce dans ce décor âpre de brousse et de palmiers poussiéreux, plus le sol se racornit, le ciel devient bleu comme l’acier. C’est ici, dans ce désert intérieur du sertão, région pauvre parmi les pauvres, que se trouve la maison de Lula. Ou du moins ce qu’il en reste. Une simple baraque de bois et d’argile, au sol de sable gris et au toit aux trois-quarts effondré.
Dans cette masure, Luiz Inacio Lula da Silva a vécu jusqu’à l’âge de 7 ans. Avec sa mère et huit de ses frères et sœurs. Elu président, il est revenu deux fois ici. On dit qu’il a pleuré. Andre, lui, était là. Il s’en souvient encore. Voisin, né sur cette même terre il y a plus d’une soixantaine d’années, agriculteur d’une petite parcelle de manioc et de mil, propriétaire de quelques poules et d’une vache, ce père de famille dit avoir gardé une vague image du jeune Lula. « On était bien pauvres mais on ne s’en rendait pas compte, glisse-t-il dans un large sourire. Lula, depuis, nous a beaucoup aidés, il est notre héros. »
Avec lui, toute cette région du Nordeste a basculé pour le Parti des travailleurs (PT) que l’enfant du pays a fondé, en 1980, à Sao Paulo. Autrefois fief conservateur, cornaqué par les potentats locaux qui distribuaient paires de chaussures et autres prébendes en échange d’un bulletin de vote, cette terre aride a su rester l’ultime bastion d’une gauche brésilienne aujourd’hui bien mal en point.
Au premier tour, le candidat appointé par Lula, Fernando Haddad, a récolté 51 % des voix contre 26 % pour Jair Bolsonaro ; un score largement à contre-courant de la moyenne nationale (46 % pour...