Bras de fer entre Londres et Téhéran autour d’une ressortissante britannique détenue en Iran
Le gouvernement britannique a annoncé accorder la protection diplomatique à Nazanin Zaghari-Ratcliffe, une Irano-Britannique emprisonnée à Téhéran depuis avril 2016.
« Accorder la protection diplomatique dans le cas de Nazanin signifie que le gouvernement britannique reconnaît officiellement que son traitement n’est pas conforme aux obligations de l’Iran au regard du droit international, et l’élève au rang de litige formel d’Etat à Etat », a annoncé le ministère des affaires étrangères dans un communiqué, jeudi 7 mars.
Jeremy Hunt, le chef de la diplomatie britannique, a évoqué le « traitement inacceptable » réservé à Mme Zaghari-Ratcliffe au cours des trois dernières années, soulignant le « manque d’accès à un traitement médical » et « l’irrégularité » de la procédure engagée à son encontre.
Son époux, Richard Ratcliffe, qui avait fait, depuis 2017, des démarches auprès de Jeremy Hunt ainsi qu’auprès de son prédécesseur, Boris Johnson, afin d’obtenir ce statut, a salué cette annonce.
La protection diplomatique est un mécanisme « rarement utilisé » par lequel un Etat peut demander la protection de ses ressortissants « s’il estime que les actes d’un autre Etat leur ont causé préjudice », a précisé le Foreign Office.
Employée de la Fondation Thomson Reuters, liée à l’agence de presse canado-britannique du même nom, Mme Zaghari-Ratcliffe, 40 ans, avait été arrêtée le 3 avril 2016 à l’aéroport de Téhéran en compagnie de sa fille Gabriella, après avoir rendu visite à sa famille. Elle a été condamnée en septembre 2016 à cinq ans de prison pour participation à des manifestations en 2009 visant à renverser le régime, ce qu’elle dément. La peine a été confirmée en appel en avril 2017.
Son état s’est depuis détérioré. En janvier, son mari, Richard Ratcliffe, annonçait qu’elle avait détecté une grosseur dans la poitrine et se plaignait d’engourdissements dans les bras et les jambes. Le même mois, Nazanin Zaghari-Ratcliffe avait observé une grève de la faim de trois jours, pour, selon son mari, protester contre ses conditions de détention et les pressions subies pour qu’elle devienne une espionne au service de l’Iran.
L’ambassadeur d’Iran au Royaume-Uni, Hamid Baeidinejad, a jugé « contraire au droit international » cette protection diplomatique. « L’extension de la protection diplomatique à Mme Zaghari par le gouvernement britannique est contraire au droit international », a-t-il déclaré, jeudi soir, sur Twitter.