Brexit : Bruxelles et Londres jouent désormais à un jeu dangereux
A mesure que se rapproche l’échéance du Brexit – le 29 mars –, les tractations entre Londres et Bruxelles sont de plus en plus difficiles à suivre. Jeu de poker menteur ? Risque assumé d’un « no deal » ? Ou bluff insistant ? Petite préférence, côté Européens, pour un report court du divorce ou, au contraire, pour une extension longue ? Les changements de pied et de tactique commencent à donner le tournis.
Mercredi 20 mars, en milieu de journée, et après quelques heures d’atermoiements, Donald Tusk, le président du Conseil européen, a finalement reçu la lettre de la première ministre britannique, Theresa May, réclamant un report « court » du Brexit au 30 juin. Les Européens n’avaient plus guère de certitudes mais s’attendaient plutôt à une demande de report « long » (au moins jusqu’à fin 2019).
« Elle nous fait une demande claire, qui, je crois, appelle une réponse claire demain [jeudi] », affirmait un diplomate européen, une heure à peine après l’arrivée de la missive. A l’en croire, les Vingt-Sept, à qui la perspective d’un report long donnait des maux de tête, n’auraient, pour le coup, pas trop de mal, lors de leur « sommet spécial Brexit » du jeudi 21 mars, à accorder à Mme May ce qu’elle réclame.
Mais en fin de journée : patatras ! M. Tusk durcissait de nouveau le ton, tuant du même coup les espoirs d’accord rapide, ce jeudi à Bruxelles. « Une courte extension est possible, mais elle sera conditionnée à un vote positif de la Chambre des communes sur le traité de retrait », a déclaré le président du Conseil.
Et d’ajouter, que « si les dirigeants approuvent mes recommandations, et si un vote positif intervient à la Chambre des communes la semaine prochaine, nous pourrons finaliser notre décision par procédure écrite [sans sommet spécial]. Sinon, je n’hésiterai pas à inviter les membres du Conseil à un nouveau rendez-vous bruxellois la semaine prochaine. »