Coronavirus : l’Allemagne boucle le plus gros plan de sauvetage de son histoire
C’est une décision qui en dit long sur le caractère historique de la crise. L’Allemagne, qui s’était faite, depuis une décennie, la fière championne des excédents budgétaires, s’apprête à faire exception au principe constitutionnel du « frein à la dette », qui lui interdit tout recours au déficit budgétaire, hors choc exceptionnel. En raison de la crise sanitaire, Berlin va emprunter sur les marchés la somme colossale de 156 milliards d’euros pour sauver son économie du désastre lié à la pandémie due au coronavirus.
L’ampleur des mesures de soutien, qui doivent être votées, mercredi 25 mars, par le Bundestag, n’a aucun équivalent dans l’histoire de la République fédérale. La vitesse avec laquelle elles ont été décidées par le gouvernement allemand et les Länder est également inouïe.
Lundi 23 mars, le ministère des finances a dévoilé officiellement son plan « Corona », surnommé « bazooka » par la presse. Le gouvernement souhaite adopter un budget complémentaire pour l’année 2020, entièrement financé par la dette. Le ministère des finances a fondé ses besoins de financement sur l’hypothèse d’une chute de 5 % du produit intérieur brut (PIB), ce qui signifierait une baisse des entrées fiscales de 33,5 milliards d’euros. Les dépenses, elles, devraient augmenter d’un tiers, soit une hausse de 123 milliards d’euros par rapport aux prévisions. La somme nécessaire pour boucler le budget, 156 milliards, est considérable. C’est presque le double des 80 milliards d’euros que l’Etat allemand avait empruntés pour faire face aux conséquences de la crise économique et financière de 2008-2009.
Pas d’expulsions pendant six mois
Une des mesures phare du plan est un dispositif d’aide directe aux indépendants et aux très petites entreprises, privés de chiffre d’affaires à cause du confinement. Quatre millions de personnes étaient considérées comme travailleurs indépendants en 2018, a précisé l’institut Destatis, lundi 23 mars. Une enveloppe de 50 milliards d’euros sous forme d’aides directes (et non de crédits) doit empêcher une vague de faillites, qui seraient désastreuses socialement. Chaque travailleur indépendant ou petite entreprise touchée par la crise sera éligible à une aide immédiate pouvant aller jusqu’à 15 000 euros.
Les locataires et les propriétaires immobiliers pourront aussi se prévaloir du soutien de l’Etat en cas de défaut de paiement des loyers. Les locataires en difficulté ne seront pas expulsables pendant six mois.