En Libye, les réseaux de passeurs de migrants s’ajustent à la pression internationale
En pleine crise migratoire européenne, le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini, est à Tripoli lundi pour tenter de consolider la tendance à la baisse des départs de migrants vers la Sicile.
Après la pause du ramadan, l’activité des gardes-côtes libyens au large du littoral de la Tripolitaine (Ouest) a redoublé d’intensité ces derniers jours. Alors que le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini, également vice-premier ministre, est arrivé lundi 25 juin à Tripoli pour des entretiens avec les autorités du gouvernement d’« accord national », la marine libyenne faisait savoir qu’elle avait intercepté la veille un millier de migrants à bord d’embarcations en partance pour l’île italienne de Lampedusa.
Cette opération porte le nombre d’interceptions de migrants dans les eaux libyennes à deux mille en dix jours, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM). Un tel niveau d’activité est sans précédent depuis le début de l’année. Au total, 9 100 migrants arrêtés en mer auront été reconduits depuis le 1er janvier dans des centres de détention, dénoncés par les organisations de défense des droits humains, comme le champ clos de multiples abus et violences. « Laissez les autorités libyennes faire leur travail (…) sans que les navires des ONG avides les gênent ou causent des troubles », a commenté, dimanche, M. Salvini, en félicitant les gardes-côtes de Tripoli.
La meilleure efficacité de la marine libyenne, dont les unités de gardes-côtes sont de plus en plus financées, équipées et entraînées par l’Union européenne (UE) et l’Italie, se traduit en aval par un tarissement des arrivées en Italie. Du 1er janvier au 20 juin, 16 228 migrants ont débarqué sur la péninsule par voie de mer — en provenance de Libye pour l’essentiel — soit une chute de 78 % par rapport à la période correspondante de 2017, selon l’OIM.
Le programme de soutien aux gardes-côtes de Tripoli n’explique pas, à lui seul, un ralentissement aussi brutal des flux migratoires en provenance de Libye. Des accords occultes passés entre Rome et des milices locales — officiellement démentis mais jugés crédibles...