Grèce : Kyriakos Mitsotakis, l’héritier qui veut être un premier ministre « normal »

05 - Juillet - 2019

L’air décontracté, la chemise bleu ciel aux manches retroussées, Kyriakos Mitsotakis, président de Nouvelle Démocratie (ND, droite), affiche un large sourire dans les rues de Volos, ville de 86 000 habitants, à 320 km au nord d’Athènes. Il est donné vainqueur dans les sondages des élections législatives du dimanche 7 juillet, avec 8 points d’avance sur Syriza, le parti de gauche radicale du premier ministre Alexis Tsipras. Depuis le lancement de la campagne des élections européennes du 26 mai, qu’il a nettement remportées, le quinquagénaire a parcouru près de 200 étapes à travers la Grèce dans les cafés, sur les places du village, avec un simple microphone pour communiquer.
A Volos, sous un tonnerre d’applaudissements, Kyriakos Mitsotakis salue les commerçants, le pope, qu’il rassure – « il n’y aura aucun changement dans les relations entre l’Eglise et l’Etat » –, fait des selfies avec des passants sous les yeux bienveillants de sa femme, jamais très loin, Mareva Grabowski, cocréatrice de la marque de vêtements de luxe Zeus + Dione. Le diplômé d’Harvard et de Stanford n’a pas toujours été un amateur des bains de foule. « Au début de sa carrière, il n’était pas à l’aise face à la caméra, il était timide. Maintenant il est plus détendu », assure son attachée de presse. Kyriakos Mitsotakis n’a tenu que peu de grands meetings, pour se présenter comme l’homme abordable qu’on appelle par son prénom.
Pourtant, « Kyriakos » n’est pas n’importe qui en Grèce : son père, Konstantinos Mitsotakis, a été premier ministre de 1990 à 1993 – il est mort en 2017, à 98 ans ; sa sœur aînée, Dora Bakoyannis, a été ministre de la culture, des affaires étrangères, et maire d’Athènes ; son neveu, Kostas Bakoyannis (fils de Dora), vient d’être élu maire d’Athènes début juin. Sa famille, d’origine crétoise, est liée à Elefthérios Venizélos, le grand homme d’Etat grec de la première moitié du XXe siècle.
Hostilité à l’accord avec la Macédoine du Nord
« J’ai souvent été critiqué sur ce point. Mais j’ai fait mes preuves, les Grecs désormais me reconnaissent en tant que “Kyriakos” et non comme un descendant d’une grande famille politique », explique l’ex-consultant en finance. Il a promis de ne pas nommer de membres de sa famille à des postes-clés s’il devient premier ministre.
En 2016, l’héritier crée la surprise lorsqu’il est élu chef du parti conservateur, laminé après plusieurs échecs successifs face à Syriza. « Il n’était pas le favori. Il a dû s’imposer face à plusieurs courants au sein de Nouvelle Démocratie, où il y a toujours eu deux clans, les pro-Mitsotakis, minoritaires, issus à la base du centre, et les pro-Karamanlis, une autre grande famille politique qui a longtemps dirigé le pays », note le chroniqueur politique Nikos Dimou. Depuis quatre ans, Kyriakos Mitsotakis se démène pour changer l’image vieillissante de la droite grecque. Aux élections législatives, 72 % des candidats qui se présentent avec Nouvelle Démocratie n’ont jamais exercé de mandat de député, et plus de 30 % ont moins de 45 ans.

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