Guerre au Yémen : le laboratoire d’Al-Qaida

02 - Août - 2017

La guerre au Yémen (3/5). S’installer dans le pays, tisser des relations avec les chefs de tribu, sans toutefois prendre le contrôle formel des agglomérations. C’est le premier volet de la nouvelle stratégie de l’organisation djihadiste.
Un milicien de la 'Security Belt' contrôle les voitures circulant entre Cratère (Shira), et Ma'ala, deux quartiers d'Aden, le 13 juin.

Il y a des stylos qui ont un peu coulé dans sa poche de chemise, et ont dessiné une petite tache de Rorschach sur le tissu bleu clair. Avec sa veste serrée aux entournures, ce responsable politique basé à Aden pourrait passer pour un fonctionnaire de rang intermédiaire, hormis peut-être le détail de ses énormes lunettes de soleil Ferrari et sa façon de chuchoter en permanence. Quand il traite d’argent, ce n’est pas à la banque. En quittant Aden, il arrive que cet homme – appelons-le Ahmed – aille dans sa région d’origine, la province de Chabwa, dans le sud du Yémen, pour parler à des responsables d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA), la branche locale de l’organisation djihadiste.
La dernière fois, c’était au cours de négociations en vue d’obtenir la libération d’un otage occidental, détenu depuis de longs mois. Ahmed appartient à la tribu des Awlaqi, très influente dans Chabwa, et dont certains membres ne sont pas hostiles à la présence du groupe djihadiste.
Ahmed, pas plus que la grande majorité de son ensemble tribal (les Awlaqi constituent une vaste arborescence de groupes et sous-groupes), n’a pas la moindre affinité avec AQPA. Simplement, dans cette zone reculée, se nouent des relations personnelles entre les responsables locaux et leurs homologues djihadistes. D’homme à homme. Et en prenant mille précautions pour ne pas prendre le contrôle de pans de territoire, à l’opposé des pratiques du passé récent.
Comment s’adapter, comment triompher ?
Le pays est désormais le laboratoire d’Al-Qaida, là où l’organisation djihadiste réfléchit à ses erreurs passées et essaie de réinventer son futur. Comment s’adapter, comment triompher ? Dans la province de Chabwa, celles d’Al-Baïda, de l’Hadramaout, ou encore à Lahij (à la sortie d’Aden), et jusqu’à Marib, dans le Nord, des éléments d’AQPA s’installent, tissent des relations avec les chefs de tribu. Plus l’Etat est absent, plus cela leur est facile. Mais à une condition.

Autres actualités

14 - Mars - 2019

Enfants de djihadistes français, la redoutable équation

La question se posait depuis des mois, depuis que se dessinait la défaite militaire de l’organisation Etat islamique, acculée dans ses derniers bastions du nord de la Syrie :...

14 - Mars - 2019

Au Mipim, les villes britanniques tentent de conjurer l’effet Brexit

La City s’attend à perdre des entreprises et des emplois : l’incertitude va devenir notre nouvelle norme. » La voix est calme, mais l’inquiétude est...

13 - Mars - 2019

Sahara occidental : l’ONU convoque une deuxième table ronde en Suisse les 21 et 22 mars

Horst Kohler, l’émissaire des Nations unies pour le Sahara occidental, a envoyé des invitations au Maroc, au Front Polisario, à l’Algérie et à la...

13 - Mars - 2019

Bruxelles pose des conditions à un report du Brexit

Les négociateurs du Brexit, du côté des Européens, n’ont jamais pensé que le divorce entre le Royaume-Uni et le reste de l’Union serait un parcours...

12 - Mars - 2019

Le Congolais Jean-Pierre Bemba présente sa facture à la Cour pénale internationale

Jean-Pierre Bemba a présenté une note pour le moins salée à la Cour pénale internationale (CPI) : 68,6 millions d’euros, soit presque la moitié du...