« Il est urgent que les Africains se dotent d’une stratégie de lobbying à Bruxelles »
Les observateurs avertis de la technocratie bruxelloise vous le diront tous. La capitale européenne s’est muée ces dernières années en un centre de gravité politique et économique tel, qu’une lutte d’influence constante s’y joue en permanence entre ONG, conglomérats privés, groupes d’intérêts et organisations étatiques.
Pas étonnant donc, dans ce contexte, qu’il soit devenu essentiel pour de nombreux acteurs, européens ou non, de se positionner dans cette ville pour influer sur les différentes étapes du processus décisionnel des institutions communautaires. Que cela plaise ou non, les choix opérés par ces dernières, même quand elles ne concernent que des règles intérieures, ont souvent des répercussions ailleurs, comme en Afrique.
Effets collatéraux
Dans la filière laitière par exemple, la suppression des quotas laitiers par l’Union européenne (UE) en 2015 a entraîné, en dépit des mécanismes de soutien, un surplus de production qui, conjugué avec une baisse de la consommation sur le marché européen, a poussé les producteurs à chercher de nouveaux débouchés.
Le lait européen a donc rapidement inondé le marché ouest-africain sous forme de produit en poudre affiché à des prix bien plus avantageux que ceux proposés par les producteurs locaux. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre 1996 et 2013, les importations de lait dans cette région d’Afrique sont passées de 0,6 à 1,9 million de tonnes, ce qui eut pour effet de freiner le développement d’un secteur laitier ouest-africain déjà bien fragile.