Israël approuve des méthodes de surveillance électronique de masse contre le coronavirus
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a autorisé l’usage de méthodes de surveillance électronique de masse, d’ordinaire réservées à la lutte antiterroriste, pour endiguer la diffusion de l’épidémie due au coronavirus SARS-CoV-2. Lundi 16 mars au soir, le gouvernement devait étendre en ce sens, en urgence, les prérogatives du service de renseignement intérieur, le Shin Bet, avec l’accord du procureur général, Avichaï Mandelblit. Cela revient à appliquer en Israël des méthodes de surveillance comparables à celles employées dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, et dans les zones sous contrôle de l’Autorité palestinienne et du Hamas, à Gaza.
En pratique, la mesure annoncée par le gouvernement autorise le Shin Beth à traquer, sans autorisation préalable de la justice et durant trente jours, les données de localisation des téléphones portables de personnes infectées, comme de ceux qui se sont trouvés près d’eux dans les quatorze jours avant qu’elles aient été testées. Une analyse de ces données sera transmise au ministère de la santé, qui devra prévenir par SMS les personnes susceptibles d’avoir été contaminées, en leur demandant de se placer en quarantaine chez eux.
« Sérieuse atteinte à la vie privée »
L’implication du Shin Bet dans une crise civile, hors du cadre déjà large de l’antiterrorisme et de la défense de la sécurité de l’Etat, suscite des critiques au sein de l’opposition de gauche, parmi des juristes et des organisations de défense des libertés. « Le gouvernement a le pouvoir de passer des mesures d’urgence pour une brève période », rappelle Daniel Friedmann, ancien ministre de la justice et ex-doyen de la faculté de droit de l’université de Tel-Aviv. « Mais je doute que cette législation soit appropriée à la situation : elle représente une sérieuse atteinte à la vie privée [des Israéliens] et le Parlement n’est pas vraiment en état de statuer pour l’heure. »