La Turquie défie la Cour européenne des droits de l’homme
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, l’a dit mardi 20 novembre : la Turquie ne se pliera pas à la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), à Strasbourg, qui presse Ankara de libérer, « dans les plus brefs délais », le politicien kurde, Selahattin Demirtas. « Les décisions de la CEDH ne nous contraignent aucunement. Nous allons contre-attaquer et mettre un point final à cette affaire », a fanfaronné le numéro un turc.
Détenu depuis le 4 novembre 2016 à l’isolement dans la prison de haute sécurité d’Edirne en Thrace orientale (à 1 500 kilomètres de chez lui), Selahattin Demirtas, 45 ans, est le fondateur du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde), aujourd’hui la troisième force au Parlement avec 67 députés élus.
Titulaire d’un mandat de député lors de son arrestation, il a été condamné en septembre 2018 à quatre ans et huit mois de prison pour « propagande terroriste ». Toute l’accusation repose sur un discours électoral prononcé en 2013, au moment où l’Etat turc menait des pourparlers de paix avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, autonomiste), une organisation décrite comme « terroriste » par Ankara, qui accuse le HDP d’être sa vitrine politique. Egalement poursuivi dans de nombreux autres dossiers, cet avocat de formation risque, dans le cadre de son principal procès, jusqu’à 142 ans de prison.