Le « shutdown » vire au règlement de comptes entre Trump et Pelosi
Coup pour coup. Donald Trump a décidé d’annuler brusquement, jeudi 17 janvier, le déplacement que la speaker (présidente) de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, avait prévu d’effectuer avec des parlementaires en Afghanistan. La veille, l’élue démocrate de Californie avait évoqué un éventuel report du discours présidentiel annuel sur l’état de l’Union prévu le 29 janvier, arguant des contraintes imposées par le blocage (shutdown), historique par sa durée, d’un quart du gouvernement fédéral. Ce gel découle d’un différend sur le financement du « mur » que le président des Etats-Unis veut ériger sur la frontière avec le Mexique et que les démocrates du Congrès lui refusent.
« Je suggère que nous travaillions ensemble pour trouver une autre date (…) ou que vous envisagiez de donner votre discours sur l’état de l’Union par écrit au Congrès », avait avancé la speaker. Donald Trump a répliqué en privant à la dernière minute la délégation parlementaire de l’avion militaire qui devait la transporter à Kaboul. Alors que de tels déplacements restent généralement confidentiels pour des raisons de sécurité, le président a rendu publiques la destination et son annulation avant même de prévenir Nancy Pelosi, selon les sources convergentes de la presse américaine.
Le milliardaire a ajouté le sarcasme à l’affront en moquant « une excursion ». « Je suis certain que vous conviendrez comme moi que repousser cet événement de relations publiques est la bonne décision, a-t-il écrit. Je pense aussi que, durant cette période, il serait préférable que vous soyez à Washington pour négocier avec moi. » Alors qu’il s’était lui-même rendu en Irak, le 26 décembre 2018, au cinquième jour du blocage. Dans la foulée, et après y avoir déjà renoncé pour lui-même, il a également annulé le déplacement de la délégation qui devait se rendre au Forum économique mondial de Davos, qui se tiendra du 21 au 25 janvier.
Le porte-parole de Nancy Pelosi a indiqué que le voyage qui devait coïncider avec un long week-end, du fait du jour férié consacré à la mémoire de Martin Luther King, lundi, avait pour objectif « de montrer de la reconnaissance envers les hommes et femmes en uniforme » et d’obtenir « des informations très importantes sur la sécurité nationale ». Niant que ce déplacement devait comporter une étape en Egypte, comme l’a assuré Donald Trump dans sa lettre, il a confirmé qu’une escale technique à Bruxelles, siège de l’OTAN, aurait dû donner l’occasion à la speaker de « réaffirmer la solidité de l’engagement des Etats-Unis au sein de l’Alliance » atlantique, régulièrement malmenée par le président.