Les Palestiniens portent plainte contre les Etats-Unis devant la Cour internationale de justice

29 - Septembre - 2018

Ramallah demande à la plus haute cour de l’ONU d’ordonner à Washington la fermeture de son ambassade à Jérusalem.
L’Autorité palestinienne a porté plainte contre les Etats-Unis devant la Cour internationale de justice (CIJ), vendredi 28 septembre, pour violations de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Ramallah demande aux juges de cette cour de l’Organisation des Nations unies (ONU) de déclarer illégal le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, inaugurée en grande pompe le 14 mai, après avoir reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël. L’Autorité palestinienne demande aux juges d’ordonner aux Etats-Unis « de retirer la mission diplomatique de la ville sainte de Jérusalem ». Selon Israël, « la Cour n’est pas compétente pour se prononcer sur des sujets de cette nature ».
A la mi-septembre, le président Mahmoud Abbas avait menacé d’aller devant la CIJ, non seulement pour contester le transfert de l’ambassade, mais aussi la décision américaine de stopper sa contribution à l’UNRWA, l’agence onusienne chargée des réfugiés palestiniens, et pour la destruction annoncée par Israël du village bédouin de Kan al-Ahmar, en Cisjordanie. Sur ce dernier point, Ramallah a finalement déposé une nouvelle plainte auprès de la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), une juridiction indépendante de l’ONU, chargée, elle, de poursuivre les auteurs de crimes de guerre.
Auparavant, John Bolton avait violemment attaqué cette cour, à laquelle Ramallah demande depuis des mois d’ouvrir une enquête sur la colonisation israélienne. Le conseiller à la sécurité nationale américain avait critiqué l’activisme de l’Autorité palestinienne, affirmant que les Etats-Unis « ne permettront pas à la CPI, ni à aucune autre organisation, de restreindre le droit d’Israël à la légitime défense » et allant jusqu’à menacer ses juges. Des attaques répétées lundi par Donald Trump à la tribune de l’ONU.
« Jérusalem n’est pas à vendre »
Même sur fond de désengagement états-unien des instances multilatérales, il sera en revanche plus délicat pour Washington de s’en prendre à la Cour internationale de justice, qui règle les différends entre Etats, et dont les décisions ont un impact diplomatique fort. Ramallah avait reconnu la compétence de cette cour au début de juillet, poursuivant sa stratégie d’intégration aux instances internationales engagée après avoir obtenu le statut d’« Etat non-membre » de l’ONU en novembre 2012.

Devant l’Assemblée générale de l’ONU, le président Mahmoud Abbas a tancé le président américain, jeudi, déclarant que « Jérusalem n’est pas à vendre » et demandant à Donald Trump « d’annuler ses décisions sur Jérusalem ».
Ce n’est pas la première fois que la Cour internationale de justice est sollicitée dans le cadre du conflit israélo-palestinien. En 2004, à la demande de l’Assemblée générale de l’ONU, la Cour avait affirmé que la construction d’un mur constituait une annexion de facto et était contraire au droit international. La décision n’a pas empêché la poursuite de sa construction, mais la condamnation embarrasse Israël.
Il faudra néanmoins des mois, voire des années, avant que Palestiniens et Américains se retrouvent face à face devant les juges de la CIJ, à moins que Ramallah ne demande à cette cour de prendre d’urgence des mesures conservatoires. L’ouverture de cette affaire devant la CIJ permet néanmoins aux Palestiniens d’acter légalement leur opposition à la décision américaine, et pourrait constituer un poids dans d’éventuelles négociations futures.

Autres actualités

07 - Avril - 2020

Génocide des Tutsi au Rwanda : la commission de recherche détaille sa méthode et ses moyens

Une méthodologie stricte et rigoureuse mais aucune révélation pour l’instant. Comme elle s’y était engagée, la commission de recherche sur les...

07 - Avril - 2020

Coronavirus : Singapour face à une « deuxième vague »

Les spécificités d’un « modèle » singapourien vanté pour son efficacité dans la lutte contre la prolifération du Covid-19 sont...

06 - Avril - 2020

Rama Yade : « Seule l’Afrique, avec sa jeunesse en perpétuel mouvement, apparaît en capacité de penser la destinée collective de l’humanité »

Pour l’ancienne secrétaire d’Etat, l’Afrique peut présenter dès maintenant un agenda de rupture pour relancer le multilatéralisme. Ce continent...

06 - Avril - 2020

En Angola, la population traîne les pieds face à l’état d’urgence contre le coronavirus

C’est le cri du cœur et du ventre, partagé dans toute l’Afrique par la population des villes soumises à l’état d’urgence, au confinement ou au...

04 - Avril - 2020

Keir Starmer élu à la tête du Parti travailliste britannique

Les adhérents du Parti travailliste britannique ont désigné, samedi 4 avril, le centriste et europhile Keir Starmer comme nouveau chef pour succéder au très...