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Malgré les oppositions, le parlement iranien a adopté un projet de loi sur le financement du « terrorisme »

08 - Octobre - 2018

Ce dimanche 7 octobre, des centaines de manifestants se sont réunis devant le Parlement iranien, dans la capitale, pour protester contre le projet de loi qui prévoit l’adhésion de Téhéran à la Convention de l’organisation des Nations unies pour la répression du financement du terrorisme. Portant des pancartes couvertes des slogans comme « Dimanche noir », les contestataires criaient : « Aujourd’hui, c’est un jour de deuil. »
Les adversaires du président modéré, Hassan Rohani, voient dans ce projet de loi un renoncement à l’indépendance de l’Iran car, selon eux, se conformer aux exigences de l’Occident, aucunement digne de confiance, est une grosse erreur, déjà prouvée par « l’échec » de l’accord de 2015 sur le dossier nucléaire de Téhéran. En mai dernier, les Etats-Unis, l’un des six pays cosignataires du « deal », ont décidé de s’en retirer. Pendant la séance du vote au Parlement, diffusée en direct à la radio iranienne, était également présent le ministre des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Signe que le vote positif à ce projet de loi est primordial pour le président Rohani.
« Ni moi ni le président ne pouvons vous donner la garantie que grâce à notre adhésion à cette convention nos problèmes financiers seront réglés, a répondu M. Zarif aux critiques, avant de tenter de les convaincre de l’importance du vote positif. Mais je peux assurer que ne pas y adhérer donnera aux Etats-Unis plus d’excuses pour accroître nos problèmes. »
Malgré des discours farouches de certains parlementaires, le projet de loi contre le financement du terrorisme a recueilli 143 voix, contre 120 de votes négatifs. Ce vote intervient à un moment crucial pour l’Iran, car le Groupe d’action financière (Gafi), luttant contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, avait, en juin dernier, donné à Téhéran un délais de trois mois pour se conformer aux règles de cette organisation intergouvernementale, faute de quoi Téhéran restera, avec la Corée du Nord, sur sa liste noire.
Alors qu’entrera en vigueur, dès le 4 novembre, une nouvelle série de sanctions américaines, notamment contre la vente du pétrole iranien, un éventuel maintien de l’Iran sur la liste noire compliquerait encore plus ses relations bancaires avec l’extérieur, déjà très minimes en raison du caractère extraterritorial des sanctions américaines.
Depuis l’entrée en vigueur du premier volet des sanctions américaines, survenu en août de nombreuses sociétés internationales ont arrêté leurs activités en Iran, dont le géant pétrolier Total. Depuis le mois de février, la monnaie iranienne, le rial, a chuté vertigineusement, avant de reprendre un peu de valeur depuis quelques jours.
Pour se conformer aux demandes du Gafi, l’Iran a déjà envoyé trois autres projets de loi au Parlement, dont seulement un sur la lutte contre le financement du terrorisme a été validé par le Conseil des gardiens de la Constitution, l’organe qui vielle à ce que les lois soient conformes aux règles islamiques et à la Constitution.
Le projet de loi voté dimanche 7 octobre a été, pour la première fois, discuté en juin au Parlement, mais il a été reporté à cause des oppositions farouches d’une partie des conservateurs. Les adversaires de Hassan Rohani ne cessaient de mettre en avant une présumée opposition du Guide suprême, Ali Khamenei, à cet ensemble de lois.
Mais dimanche, le chef du Parlement, Ali Larijani, un soutien du président, leur a répondu en révélant l’existence d’une lettre de la plus grande autorité du pays qui annonçait n’avoir aucune opposition à ce que les sujets relatifs au Gafi soient débattus par les parlementaires.
Dans un contexte économique difficile et à quelques jours du rétablissement de sanctions américaines, le vote du Parlement présente une bouffée d’oxygène pour Hassan Rohani, critiqué de toute part en raison de sa mauvaise gestion. Reste à savoir si le Conseil des gardiens de la Constitution lui accordera également son soutien.

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