« Trump est-il capable de retenir la leçon du sommet de Reykjavik ? »

04 - Juillet - 2018

Dans sa chronique, Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », estime que Donald Trump ferait bien de s’inspirer de la rencontre Reagan-Gorbatchev de 1986 pour celle qu’il doit avoir avec Vladimir Poutine à Helsinki, le 16 juillet.

 

Il y a dans le nord de Reykjavik, face à la mer, une jolie maison blanche au toit d’ardoise. Construite en 1909 pour le consul de France, elle a ensuite été achetée par un grand poète islandais, puis a abrité l’ambassade du Royaume-Uni. Une plaque en granit explique pourquoi, en 1986, cette jolie demeure a accédé à la notoriété planétaire : c’est là que se sont rencontrés, les 11 et 12 octobre, le 40e président des Etats-Unis, Ronald Reagan, et le leader de l’Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev. « Ce sommet, précise l’inscription gravée sur la plaque, est considéré comme annonciateur du début de la fin de la guerre froide. »
Trente-deux ans plus tard, c’est une autre capitale du nord de l’Europe, Helsinki, que Donald Trump et Vladimir Poutine, successeurs de ces deux dirigeants, ont choisie pour leur premier sommet bilatéral, le 16 juillet. Helsinki, dans la grande tradition des sommets Est-Ouest du XXe siècle : Gerald Ford et Leonid Brejnev en 1975, George Bush père et Gorbatchev, de nouveau, en 1990. La capitale finlandaise accueillit encore, en 1997, Bill Clinton et Boris Eltsine, président d’une Russie affaiblie, que l’on croyait sur le chemin de la démocratie. L’annonce de la rencontre Trump-Poutine a surpris : il y a encore deux mois, personne n’aurait parié un kopeck sur la tenue de ce sommet.
L’ivresse de Singapour
A Washington, tout ce qui touche à la Russie est empoisonné. Au Congrès, un fort courant anti-Poutine, réunissant démocrates et républicains, a permis l’adoption de sanctions contre la Russie il y a un an, en riposte à des interférences imputées à Moscou dans la campagne présidentielle de 2016. Et surtout, un procureur spécial enquête avec zèle sur les éventuels liens de l’entourage du candidat Trump avec ces intrusions. Dans une atmosphère aussi chargée, le Kremlin ne se faisait guère d’illusions sur la reprise d’un dialogue au plus haut niveau entre Washington et Moscou.

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