Dangereuse escalade au Qatar

06 - Juillet - 2017

L’émirat gazier est menacé de nouvelles sanctions par l’Arabie saoudite et ses alliés. Une crise alimentée par les prises de position de Donald Trump contre le Qatar et l’Iran, sauf que le Qatar est aussi un partenaire des Etats-Unis…


Dans une région qui n’avait nul besoin d’un foyer de tensions supplémentaire, la crise entre le Qatar et l’Arabie saoudite a franchi un nouveau palier, mercredi 5 juillet. Réunis au Caire, les ministres des affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Egypte, de Bahreïn et des Emirats arabes unis ont condamné l’attitude « négative » de Doha, qui a rejeté leurs revendications et menacé l’émirat de nouvelles sanctions.
PUBLICITÉ

Le Qatar contourne en partie le blocus auquel il est soumis, avec l’aide de l’Iran et de la Turquie
La crise s’est ouverte il y a un mois, le 5 juin, par la monarchie de Riyad qui, appuyée par les trois pays sus-cités, a rompu ses relations diplomatiques avec le Qatar et coupé toutes les liaisons routières, maritimes et aériennes, accusant le régime de Doha de soutenir le terrorisme. La frontière de l’Arabie saoudite avec le Qatar, seule frontière terrestre du petit émirat gazier, a été fermée. Le Qatar est donc soumis depuis à ce qu’il considère comme un blocus, qu’il contourne partiellement avec l’aide de l’Iran et de la Turquie.
Fermer Al-Jazira et la base militaire turque
L’Arabie saoudite et ses alliés ont posé à Doha un ultimatum, accompagné d’une liste de treize revendications, dont la fermeture de la télévision Al-Jazira, la fermeture de la base militaire turque et la réduction des relations du Qatar avec l’Iran. Le rejet de ces demandes, ont jugé les ministres au Caire, traduit « un manque de compréhension de la gravité de la situation » de la part des dirigeants qataris.
Le ministre qatari des affaires étrangères, le cheikh Mohammed Ben Abdulrahman Al-Thani, a affirmé, mercredi à Londres, que son pays continuerait à appeler au dialogue. Il a attribué l’« agression » contre le Qatar aux divergences politiques avec les quatre pays concernés sur les réformes à entreprendre dans les régimes de la région, divergences apparues depuis les soulèvements du « printemps arabe » de 2011 et le rôle d’encouragement qu’y a joué Al-Jazira.
La confusion qui règne à Washington n’est pas étrangère à cette dangereuse escalade.
La crise est grave, car elle ajoute à l’instabilité du Moyen-Orient, fracturant le Conseil de coopération du Golfe, unique organisation politique et économique régionale, dont sont membres à la fois Riyad et Doha. Le Koweït, également membre de ce Conseil, a tenté une médiation, jusqu’ici infructueuse.
Ce regain de tensions s’inscrit dans le contexte de la rivalité ancienne entre l’Iran et l’Arabie saoudite pour le leadership de la région. Mais elle intervient aussi au moment où, à Riyad, le roi a modifié l’ordre de succession pour accorder au désormais prince héritier Mohammed Ben Salman, dit « MBS », des pouvoirs croissants.
Des divergences sur la stratégie
Enfin, circonstance aggravante, la confusion – c’est un euphémisme – qui règne à Washington n’est pas étrangère à cette dangereuse escalade. La mise en quarantaine du Qatar a été décidée après le passage du président Trump en Arabie saoudite, où il avait clairement exprimé son hostilité à l’Iran. « MBS » s’est-il senti pousser des ailes après cette visite ? C’est possible. Le problème est que le Qatar est aussi un allié des Etats-Unis, qui y a installé son commandement militaire régional, le CentCom, et une base de 10 000 hommes.
L’autre problème est que le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, qui a dénoncé l’offensive contre le Qatar, n’est pas tout à fait sur la même ligne que la Maison Blanche. Il se trouve que Donald Trump et un représentant de l’Arabie saoudite – malheureusement pas le roi, ni « MBS » – seront ensemble à Hambourg vendredi pour le G20. Il est urgent que le président américain s’emploie à éteindre le brasier qu’il a involontairement allumé.

Autres actualités

02 - Mai - 2019

Exécutions en Arabie saoudite : « La paralysie et l’hypocrisie continuent de régner au sein des nations »

Après l’affaire Jamal Khashoggi [l’assassinat du journaliste saoudien à Istanbul en 2018], le royaume saoudien s’est retrouvé au pied du mur. Etre au ban...

01 - Mai - 2019

Julian Assange condamné à près d’un an de prison pour violation des conditions de sa liberté provisoire au Royaume-Uni

Le cofondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a été condamné à cinquante semaines de prison par un tribunal londonien, mercredi 1er mai, pour violation des conditions...

01 - Mai - 2019

En Algérie, le FLN élit Mohamed Djemai à sa tête

Le comité central du Front de libération nationale (FLN) a élu, mardi 30 avril, Mohamed Djemai, un homme d’affaires de 50 ans, au poste de secrétaire...

30 - Avril - 2019

Le chef djihadiste Abou Bakr Al-Baghdadi réapparaît et entérine la nouvelle stratégie de l’EI

Abou Bakr Al-Baghdadi n’était plus apparu en public depuis la proclamation du « califat » à la mosquée Al-Nouri, à Mossoul en Irak, en juin 2014....

30 - Avril - 2019

L’extrême droite entre au gouvernement en Estonie

Pour la cérémonie de prestation de serment du nouveau gouvernement estonien, lundi 29 avril, devant le Parlement, la présidente de la petite République balte, Kersti...