L’achat d’un système anti-aérien russe par la Turquie met à mal sa relation avec les Etats-Unis
Les Etats-Unis ont adressé, jeudi 6 mars, une mise en garde à la Turquie, lui donnant un délai de deux mois pour renoncer à l’acquisition du système russe anti-aérien S-400, sous peine d’être évincée du programme de fabrication du nouvel avion furtif américain F-35 qu’Ankara s’est engagée à acquérir.
Washington met ainsi la Turquie au pied du mur, la sommant de choisir entre le système russe de défense et les chasseurs furtifs F-35 que des entreprises turques du secteur militaro-industriel contribuent à fabriquer.
L’achat des S-400 russes créera « une trop grande dépendance économique et stratégique envers la Russie ».
Dans une lettre de deux pages, Patrick Shanahan, le secrétaire américain à la défense, met en garde son homologue turc Hulusi Akar sur les risques que pose l’achat des S-400 russes, jugés incompatibles avec l’appartenance de la Turquie à l’OTAN. Cette acquisition « empêchera la nation turque de renforcer ou de maintenir sa coopération avec les Etats-Unis et au sein de l’OTAN », créant « une trop grande dépendance économique et stratégique envers la Russie ». Le Pentagone craint notamment que les S-400, dotés d’un puissant radar, ne parviennent à déchiffrer les secrets technologiques de ses avions militaires dernier cri.
Si, d’ici au 31 juillet 2019, Ankara n’a pas renoncé aux S-400, les pilotes et le personnel militaire turc entraînés actuellement aux Etats-Unis au maniement des F-35, soit une quarantaine de personnes, devront quitter le sol américain.
Entreprises turques directement touchées
Par ailleurs, les contrats de sous-traitance attribués à des entreprises turques pour la fabrication de pièces détachées du chasseur furtif américain seront annulés. Les appareils achetés par la Turquie ne seront pas livrés. Dans sa lettre, M. Shanahan prévient que des sanctions préparées par le Congrès américain envers son allié de l’OTAN pourraient suivre.
L’achat des S-400 est une source majeure de frictions entre la Turquie et les Etats-Unis, dont la relation s’est considérablement détériorée ces dernières années. Mettant en avant la nécessité de renforcer la défense anti-aérienne de son pays, le président turc Recep Tayyip Erdogan fait fi des menaces de son allié. « Nous avons passé un accord avec la Russie. Nous sommes déterminés. Il n’est pas question de revenir en arrière », a-t-il prévenu mardi 4 juin.
La livraison des S-400 aura lieu « dans deux mois », a précisé vendredi Sergueï Tchemezov, le PGD du conglomérat militaro-industriel russe Rostec. Des militaires turcs sont actuellement entraînés au maniement des S-400 sur la base russe de Gatchina dans les environs de Saint-Pétersbourg. C’est pour cette raison que le Pentagone s’est décidé à envoyer jeudi son ultimatum.