Gabon : affrontements à Libreville après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo

01 - Septembre - 2016

Gabon : affrontements à Libreville après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo

Après quatre jours d’une longue attente, le ministre de l’intérieur gabonais a annoncé, mercredi 31 août, que le président sortant Ali Bongo Ondimba avait remporté l’élection présidentielle. Selon des résultats officiels provisoires, M. Bongo a obtenu 49,80 % des voix contre 48,23 % à son adversaire, Jean Ping, lors de l’unique tour du scrutin.

L’opposition a aussitôt rejeté les résultats et réclamé un nouveau décompte dans la province du Haut-Ogooué, où a été signalé un taux de participation frisant les 100 %, a expliqué une porte-parole de Jean Ping. « Les Gabonais n’accepteront pas ces chiffres », a ajouté un porte-parole du candidat.

Selon l’envoyé spécial du Monde à Libreville, plusieurs foyers de tension se sont déclarés en ville. « Des manifestations ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de jets d’eau, a constaté Christophe Châtelot. Il y a eu des blessés. Près du rond-point de la Démocratie, des groupes de jeunes ont aussi tenté de barrer les rues. Des hélicoptères patrouillent dans le ciel. » Les forces de l’ordre ont aussi repoussé des manifestants, criant « Ali doit partir », qui tentaient de s’approcher du siège de la commission électorale (Cénap).

Dans la soirée, l’Assemblée nationale a été partiellement incendiée par des manifestants, selon plusieurs témoins. Un panache de fumée rouge et noir se dégageait dans la nuit au-dessus du palais Léon-Mba, selon des journalistes de l’AFP. La ville restait sous très haute tension : check points, grands axes coupés sur le front de mer, véhicules blindés aux carrefours, commerces fermés depuis mardi midi, grande majorité des habitants cloîtrés chez eux. Des colonnes de fumée s’échappaient de plusieurs quartiers populaires. L’ambassade de France a appelé ses ressortissants à éviter tout déplacement jusqu’à nouvel ordre.

Au même moment, le président réélu s’est félicité de cette élection « exemplaire », estimant qu’elle s’était passée « dans la paix et la transparence ».
Paris demande la publication des résultats

Après cette annonce contestée, la France a demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon. Selon le ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault :

« Les conditions de l’annonce des résultats de l’élection présidentielle au Gabon sont une source de préoccupation. La France réitère son souci de transparence. Nous estimons nécessaire que les résultats de tous les bureaux de vote soient publiés. »

Avant même la proclamation de ces résultats, la responsable de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, avait appelé, mercredi, la commission électorale à publier « des résultats par bureau de vote », et non au niveau des neuf provinces ou au niveau national. Une requête rejetée par le président de la Cénap, qui a invoqué la loi gabonaise. L’UE a également demandé aux protagonistes de maintenir le calme dans le pays.

Au lendemain de cette élection, les deux principaux candidats, Ali Bongo Ondimba, 57 ans, qui briguait un nouveau septennat, et Jean Ping, 73 ans, ancien président de la Commission de l’Union africaine et ancien ministre des affaires étrangères, avaient déclaré l’un et l’autre, dimanche 28 août, qu’ils avaient remporté haut la main le scrutin.
« Refléter la volonté du peuple »

Washington a également exprimé sa vive inquiétude. « Les élections doivent refléter de manière crédible la volonté du peuple », a souligné le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, appelant les forces de sécurité à respecter les droits des citoyens et les manifestants à garder le calme.

« Nous appelons le gouvernement gabonais à publier les résultats de chaque bureau de vote », a-t-il ajouté. « Cela aidera le peuple du Gabon, de même que la communauté internationale, à avoir confiance dans le fait que le décompte des votes annoncé est bien juste », a encore noté M. Kirby. « Quiconque veut contester les résultats doit le faire de manière pacifique et en respectant le système légal gabonais ».

 

Autres actualités

11 - Avril - 2019

Brexit : les Européens optent pour un report flexible jusqu’au 31 octobre

Le Brexit, qui a déjà livré un lot considérable d’expressions, en a offert une nouvelle aux journalistes, mercredi 10 avril : « Halloween Brexit »....

11 - Avril - 2019

Le Soudan suspendu à une « déclaration importante » de l’armée

Au Soudan, l’armée a promis, jeudi 11 avril, une « déclaration importante bientôt », déclenchant de nouvelles scènes de liesse devant le...

10 - Avril - 2019

Au Kenya, la sécheresse et la faim frappent le nord du pays

D’un côté, il y a ces informations inquiétantes. Des images de vieillards émaciés, suffocant de chaleur sous des huttes de brindilles, qui circulent sur...

10 - Avril - 2019

Brésil : les cent jours du président Jair Bolsonaro, entre polémiques et maigre bilan

Son discours était sur le point de se conclure quand Jair Bolsonaro, grisé par sa victoire, s’est saisi du drapeau brésilien pour le faire tournoyer devant lui. Comme...

09 - Avril - 2019

En Algérie, qui pour assurer l’intérim de Bouteflika ?

Qui assurera l’intérim d’Abdelaziz Bouteflika en Algérie ? Alors que le Parlement doit entériner le processus, mardi 9 avril, le remplaçant...